2015, il est 20h et c’est un vendredi. Nous sommes au milieu du mois d’Octobre. La salle de concert se remplit doucement. Le groupe monte sur scène. Ils sont trois. Chacun prépare son instrument, guitare, basse, amplis allumés, micros en pagaille sur la batterie. J’écoute le riff qui tourne en boucle. Mes oreilles commencent de siffler quand le batteur frappe frénétiquement sur son charley. La montée en puissance est rapide, la basse s’énerve, et le groupe projette un mur de saturation infernal. Je reste abasourdi, mais comment pourrait-il en être autrement face à cette horde de spectateurs qui se lancent dans une danse de Saint-Guy aussi syncopée que cette musique répétitive surnommée, si vous y tenez vraiment, Math-Rock.

Dans un monde parfait j’aurais vu Presque Maudit en concert au Petit Bain, en première partie de Pneu et Lightning Bolt. Mais le monde en a décidé autrement. Jugez plutôt : je reste à la maison, je regarde des vieux films, je joue aux cartes, je range mes livres, je joue de la guitare acoustique, je prépare à manger en famille et je porte un pull. Tout semble dans l’ordre des choses, même, si, au petit matin, entre deux lampées de café, allumant mon ordinateur pour y écrire des dizaines de lignes de code, je ressens le besoin de pousser un peu le volume de Sup Ertonn Ere, hallucinante tempête électrique et distordue de 6 minutes qui vient conclure avec force et fracas l’immense « Température  Variable ».

Si tous les titres de « Température Variable » sont d’une intensité rare, il faut reconnaître que Sup Ertonn Ere s’impose immédiatement comme un énorme feu d’artifice final où guitare, basse et batterie hurlent comme une guérilla sonore infernale où l’on ressort heureux mais épuisé, un genou à terre à pleurer face au ciel bleu-orange d’une fin de journée de blockbuster. « Température Variable » de Presque Maudit se trouve en vinyle chez Head Records, et vous devriez tous l’écouter.

( ♫) Presque Maudit  – Sup Ertonn Ere

Mathieu