Je me souviens avoir lu dans une interview que Rob Brown et Sean Booth ont développé en C et C++ des plugins VST pour générer aléatoirement une suite de blips blips. L’idée d’utiliser un langage de programmation relativement rigoureux pour produire une musique insaisissable m’a toujours plu mais il s’agit d’un élément de style parmi tant d’autres que Autechre manipule au gré de ces mixes réalisés sur synthétiseurs et ordinateurs. Des algorithmes complexes que le duo fait varier sur « Sign » pour revenir à des compositions plus abstraites. 0000 0000 0000 0000, l’imprimante crache l’encodage sur une feuille de papier blanche, le système a planté.
Depuis quelques jours, je me suis renfermé sur les longues plages ambiantes de Esc Desc, Metaz Form8 ou Th Red A. Cette musique dessine le contour d’une pop minimaliste qui finit par occuper tout l’espace de mon quotidien. Par moment, certains crissements électroniques évoquent les mélodies simples que l’on pouvait entendre sur certains ordinateurs 8-bits ou d’un programme qui se dérègle avec le temps. Une innocence produite par Autechre en pilotant des machines qui infuse un nostalgie numérique dans nos cerveaux. Avec F7 et Si00, le système d’exploitation se met à jour. Du nouveau code rentre en phase de compilation.
J’écoute Sch.Mefd 2 et le ciel a la couleur d’un écran plat branché sur un ordinateur défunt. Les infrabasses sont rassurantes. Les pitches sonnent comme une froide mélopée que l’on aurait perdu au milieu des micro-processeurs. Je regarde la courbe abstraite de la pochette de « Sign », déclinée depuis sur « Plus », un second disque sorti par Autechre ces derniers jours, et j’y vois une raison de plus pour se perdre dans ces nouveaux circuits mémoriels. Clic droit. Voulez vous redémarrer le système ?
Mathieu