Ingrina – Siste Lys

D’autant que je me souvienne, j’ai découvert certains disques de post-rock à la fin des années 90 et au début des années 2000, notamment lors d’un concert de Mogwai au Festival des Inrocks en 1997 qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Depuis, j’alterne des périodes où je quitte totalement ce genre avec des instants où je m’y plonge allègrement. Il faut dire qu’en terme de monolithes musicaux, d’arpèges glaciaux, de batteries emphatiques et de basses fondamentales, j’ai parfois eu l’impression d’avoir fait le tour avant de retrouver certaines émotions jubilatoires avec des albums sombres qui naviguent entre le Math-Rock (coucou Presque Maudit) et le métal (Year Of No Light). C’est le cas aujourd’hui avec l’immense « Siste Lys » d’Ingrina enregistré à Limoges entre deux vagues de confinement.

Derrière la superbe pochette de « Siste Lys » – qui fait suite à « Etter Lys », sorti en 2018 et que je dois écouter de ce pas – se cache un bonne poignée de morceaux de bravoure. Il faut dire qu’avec ces six titres on navigue entre mélodies froides en accords mineurs qui dépeignent parfaitement une civilisation au bord du vide et murs du son typiquement shoegaze, souvent agrémentés d’une puissance sonore héritée du métal. On se raccroche parfois à quelques voix avant de les imaginer se perdre dans un déluge de réverbération digne d’une caverne au Groenland. Jailers s’impose d’entrée de jeu avec ses 10 minutes qui feraient sûrement saigner les oreilles si on pouvait les entendre sur scène. Et si on cherche une bonne saillie hardcore, on écoutera Now de bon matin, pour passer son énervement.

Quel morceau j’aurais envie de garder de « Siste Lys » ? Probablement Frozen qui démarre sur une ligne de guitare comme suspendue, au bord du chaos. Le morceau progresse doucement vers des sommets atmosphériques, soutenu par deux batteurs et une immense distorsion qui devient progressivement intangible. J’imagine que les faibles températures de la journée et le soleil qui se couche à 16h m’ont donnés envie d’écouter ce titre d’Ingrina en boucle. Mais j’aurais probablement déjà oublié cette musique si elle se contentait d’être un barrage contre cette époque chaotique, car il y a dans ces compositions des spectre sonores si intenses que l’on se doit de porter aux nues.

( ♫) Ingrina – Frozen

Mathieu

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