J’ai toujours eu une réserve sur la décoration zen et les étagères minimalistes. Je crois que j’aime trop les disques pour me retrouver devant un mur blanc. Et pour le minimalisme j’ai des disques dont la beauté sidérante et les textures sonores savent me redonner, un temps, une pleine conscience du temps qui défile. Dans ces moments où on reste dans son salon, je me dois d’écouter régulièrement ce genre de musique ambiante, ne serait-ce que pour vivre un temps dans une bulle isolée du reste du monde. « The Cinder Grove » de Chuck Johnson est sorti au début du mois de février et il s’inscrit parfaitement dans cette perspective.
Chuck Johnson joue de longues nappes hypnotiques avec une pedal-steel et des claviers vaporeux. Sur « The Cinder Grove », il nous raconte des histoires qui nous aident dans nos incertitudes avec des sons introspectifs. Cinq morceaux qui oscillent entre 7 et 11 minutes dont les compositions lentes distillent progressivement des merveilles sonores dans ce quotidien rempli d’incertitude. Ecouter de « The Cinder Grove », c’est avoir le sentiment que seul le silence peut encore passer après cela, tout en regardant mélancoliquement l’horizon à la fenêtre. Il faut un petit temps d’adaptation avant de repartir vers d’autres territoires sonores, pour revenir de ce pas de côté effectué sur le fil de nos existences. Le monde d’après peut bien attendre avec cette musique.
Le soleil est en train de rayonner en ce dimanche après-midi. Je reste tranquillement assis sur mon canapé. Je lis un roman que j’ai déjà oublié en écoutant Constellation. Que l’on me pardonne cette fainéantise, mais il me fallait ce moment suspendu où peu de choses se passent, même si j’y vois là comme un étrange voyage sonore fait de longs slides réverbérés. Je me surprends aussi à essayer de trouver les instruments entendus sur The Laurel. C’est le dernier morceau du disque, il est très beau et j’imagine que sa conclusion paisible donne envie de moins regarder les nuages et reprendre le cours de sa vie. Comme une courte parenthèse que l’on referme doucement.
( ♫) Chuck Johnson – Constellation
Mathieu