La musique de Steven R. Smith hante mes soirées depuis sa découverte au cours de l’année 2010 avec l’immense « Cities ». J’y trouvais une réponse ambiante et folk aux décors urbains, des cordes pincées que l’on écoute pour se perdre dans les rues à l’ombre des immeubles et des riffs orageux qui se transforment en de longs bourdonnements, comme un long appel vers l’introspection. Je reviens souvent vers ce disque, parfois avec l’envie de ressortir la guitare, de s’assoir à côté de l’ampli pour jouer dans le salon et d’improviser avec les pédales d’effet.

Les ambiances dépouillées de Steven R. Smith me rappellent parfois celles de Richard Skelton. Des compositions qui nous font apprécier la solitude le temps d’un disque, qui nous touchent au plus juste avant de repartir dans les agitations du quotidien. Depuis « Cities », Steven R. Smith a sorti de nombreux disques, souvent en changeant de noms comme Hala Strana, Ulaan Passerine, Ulan Markhor. Un art de la fuite qu’il entretient avec son label Worst Ward dont la page Bandcamp renferme mille trésors enregistrés depuis une quinzaine d’année. Avec « In The Spires », Steven R. Smith revient aujourd’hui sous son propre nom, comme si ce folk déliquescent pouvait disparaître aussi vite qu’il s’est installé dans nos vies.

On voyage beaucoup avec « In the Spires », ici l’orient et l’occident se rencontrent paisiblement. Le bouzouki rend visite aux nappes électroniques du Moog, le violoncelle et la vielle à roue annoncent la grisaille de l’Europe en accompagnant une guitare fantomatique. Steven R. Smith s’aventure dans la musique traditionnelle pour en sortir un neo-folk aux douces vertus psychédéliques. Avec Scaffold il nous raconte une étrange histoire, on dérive un peu et on imagine quelques images avant de reprendre le cours de nos vies.

( ♫) Steven R. Smith – Scaffold

Mathieu