Je me souviens bien de ce concert de Year of No Light. C’était en 2019, pour fêter les quinze ans du magazine New Noise. Tout ça me paraît bien loin aujourd’hui et, paradoxalement, encore assez clair dans mes esprits. Ils avaient joué Alètheia, titre dont j’ai enregistré rapidement l’interprétation ce soir là et que je découvre aujourd’hui sur « Consolamentum », le nouveau disque du quintette bordelais. Cette musique démarre sur une petite ligne mélodique jouée à la guitare électrique avant de prendre progressivement tout l’espace avec un mur de distorsion, comme pour créer une sorte de bulle qui nous détache du cours des choses. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai besoin de ce genre de musique intense alors que la fatigue me tombe à chaque fois dessus au début de l’été, mais j’imagine qu’il faut passer par une écoute soutenue de gros riffs saturés avant de totalement lâcher prise.
Derrière les guitares cagneuses et le son intense qui peuvent vous écraser comme une chape de plomb en fusion, se cachent des bourdonnements minéraux hérités de quelques groupes de post-rock (à chercher du côté de Godspeed You ! Black Emperor pour être tout à fait exact). Je peux écouter Alètheia et Réalgar autant pour ses coups d’éclats bruitistes que pour ses lentes incantations calmement psalmodiées aux pieds d’une étrange montagne ténébreuses. Year of No Light joue avec trois guitares et deux batterie et ça s’entend : accords lourds, riffs ultrasoniques gavés de distorsions, de delay, et une rythmique qui invoque autant le blastbeat que la destruction lente de futs, comme pour mieux écraser méthodiquement nos tympans. Une musique atmosphérique qui ressemble à un soleil noir au bord de l’explosion.
J’écoute c’est deux titres en attendant la suite qui sortira le 2 Juillet. Sachez que ces vingt minutes sont déjà le gage d’une expérience électrique, une traversée dans plusieurs dimensions soniques qui disparaîtront comme elles sont arrivées, avec une petite ligne mélodique, un étrange moment avec le silence pour finalité, comme si rien ne valait la peine d’être écouté.
( ♫) Year of No Light – Alètheia
Mathieu