WU LYf – Go Tell Fire to the Mountain

J’ai ressorti le premier EP autoproduit de WU LYf, celui avec le foulard qui permet d’entrer gratuitement dans n’importe quel concert du groupe. J’y ai repensé lorsque les démos de leur second album, arrêté en plein enregistrement, ont commencé à circuler pendant la campagne de crowdfunding lancée par le quatuor en plein mois de juillet pour financer la sortie d’un livre à la gloire de ce groupe qui a explosé en plein vol, au début d’une célébrité assurée. Je me souviens avoir écouté leur musique avec une légère méfiance, le côté précieux de leurs compositions y est pour beaucoup, mais leur sortie de route en forme de doigt d’honneur ne cesse de me fasciner depuis.

Il faut bien se rappeler que WU LYf a enregistré « Go Tell Fire to the Mountain » dans une vieille église abandonnée. Leurs morceaux sont surchargés de réverbération, à la fois figés dans le temps et vibrants comme jamais. Quand il ne crie pas avec intensité, Ellery James Roberts joue de l’orgue avec une ferveur presque enfantine. Francis Lung crie aussi entre deux lignes de basse, mais pas de la même manière, ce qui crée un étrange contrepoint. Francis Lung a depuis entamé une carrière solo, son dernier album, « Miracle », est sorti en juin et Bad Hair Day contient tout ce que l’on aime dans la pop anglaise. Il crie beaucoup moins. Je ne sais pas trop ce qu’est devenu la guitare de Evans Kati. Est-elle toujours aussi claire-obscure ? Cherchant autant l’inspiration du côté de certains groupes de post-rock que chez Fela ? J’ai réécouté We Bros, Concrete Gold et LYF en restant à la maison, j’aurais dû ressortir ce disque il y a un an pendant le confinement, il n’y avait pas mieux que ces hymnes courtes qui s’écroulent sous la force de leurs points d’orgue.

J’avoue garder une tendresse pour Heavy Pop, d’abord pour son interprétation qui avait été donnée à l’époque chez David Letterman, où le groupe trainait une dernière fois sa hype avant de tout arrêter brutalement, et puis ensuite pour sa composition suspendue. Heavy Pop ressemble à morceau de dream pop qui se terminerait avant de commencer, coincé dans une bulle, au bord de l’explosion. Ca doit être l’orgue et les notes de guitare réverbérées qui font ça. Est-ce que l’on tient là l’équivalent de Slint pour les années 2010 ? Je ne me sens pas trop d’attaque pour répondre à la question, mais je sais que si une reformation se concrétise dans les prochaines années, je n’hésiterais pas une seconde pour les revoir. Après tout, j’ai toujours le foulard qui permet d’entrer gratuitement dans n’importe lequel des concerts de WU LYf.

( ♫) WU LYF – Heavy Pop

Mathieu

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