Sur la photo, Alan Sparhawk est juste vêtu d’une salopette. Il penche la tête. Il se perd dans ses cheveux longs et grisonnants. Mimi Parker est derrière lui. Elle est habillée en noir. Elle porte un chapeau pour se protéger du soleil. Elle semble plus que jamais là pour le soutenir. On traverse le jardin. Le chien nous accompagne. On est à la maison, comme beaucoup de monde depuis 18 mois, et il est temps de sortir de chez soi. Le précédent album de Low donnait l’impression de vouloir jouer de la musique dans une pièce fermée en nous tournant le dos, il semblerait qu’avec « Hey What », Mimi Parker et Alan Sparhawk aient décidé de rouvrir la porte pour nous laisser de la place.
La production de BJ Burton se révèle plus douce, moins monolithique, presque cosmique par moment. Le travail sur les voix est magnifique. Les compositions sont à la fois dans la continuité de « Double Negative » et plus aériennes. La basse de Steve Garrington n’est plus là pour servir d’ultime refuge mais chaque morceau, chaque note de synthétiseur, chaque accord de guitare processé, chaque saturation, me donnent l’impression d’être mixés pour sonner comme les ultimes palpitations de ceux qui avancent encore en dépit de tout.
« Hey What » ne tourne pas complètement le dos à « Double Negative » et nous propose une variation plus lumineuse sur un même thème. La transition est douce, sans rupture ni réaction, comme une sorte d’énergie sombre qui se déplacerait vers autre chose. C’est assez fortement marqué sur Days Like These. Le morceau démarre par une saturation rageuse et des choeurs conquérants psalmodiés par Mimi Parker et Alan Sparhawk, avant de laisser progressivement la place à quelques notes apaisantes, jouées sur un synthétiseur fantomatique qui finit par s’évaporer dans la nature sur ces quelques mots « Everybody just chased by dreams / That’s why we’re living in days like these … Again ».
Mathieu