Je ne sais absolument pas comment les musiciens de Wolves in the Throne Room ont enregistré leur dernier album, « Primordial Arcana », mais ce n’est pas trop grave. Je les imagine déjà enfermés dans une cabane en bois, armés de leurs guitares métalliques, à pousser des cris déchirés au fin fond d’une forêt froide et humide. On pourrait croire que je me fais une petite frayeur en écoutant cette musique sombre, mais que voulez-vous, j’ai parfois besoin de groupes qui jouent très fort tout en trimbalant leurs folklores nocturnes.

Et pourtant, la musique de Wolves in the Throne Room me donne l’impression, par moment, de vouloir disparaître dans un silence lointain avant de repartir de plus belle, sous l’assaut d’un riff distordu, d’un hurlement étouffé dans le micro. Le blastbeat s’abat sur nos tympans avant de s’éteindre comme il est venu. Le mur de saturation crame les amplis avant de se dissoudre derrière un longue drone joué au synthétiseur. Le shred arrache quelques cordes sur la guitare électrique avant de s’évaporer dans les limbes du cosmos. Quelques notes que l’on sacrifie pour finir seul au calme, à observer le soleil qui se lève et la rosée sur les feuilles mortes de l’automne.

J’aime bien écouter un titre comme Mountain Magick de bon matin. Ce n’est probablement pas ce qu’il y a de plus reposant en soi, mais je recommande de tenter l’expérience au moins une fois. Les guitares mitraillent. Le chant est à la fois étouffé au fond de la gorge et scandé comme jamais. Il y a beaucoup d’emphase là dedans, surtout pour la batterie. Il y a aussi des instants plus calmes qui m’évoquent autant un vieux morceaux de post-rock que certains bourdonnements minéraux. Et puis il y a cette intro légèrement méditative, comme pour leur concert il y a deux ans au Petit Bain. D’ailleurs si Wolves in the Throne Room pouvait retourner là-bas, ça serait bien.

( ♫) Wolves in the Throne Room – Mountain Magick

Mathieu