J’ai d’abord cru à un gag facile en voyant la pochette du nouvel EP de Beak>. Une parodie des années 90, un excès parmi tant d’autres d’une décennie que je ré-explore parfois avec un mélange de fatigue et de nostalgie. Mais ce n’est pas vraiment le sujet. Geoff Barrow, Billy Fuller et Will Young ont lancé Beak> il y a un dizaine d’année sur la base de quelques enregistrements bruts, publiés avec très peu d’arrangements sur « Recordings 05/01/09 > 17/01/09 ». Un super-groupe qui s’est imposé doucement avec une sorte de rock répétitif et planant, lancé comme un side-project de Portishead, Sensational Space Shifters, Moon Gangs avant de s’imposer comme une étrange évocation des disques allemands des années 70.
Comme souvent chez Beak>, la basse est la pièce maitresse des morceaux. Oh Know ne déroge pas à la règle, et cela malgré cette intention nouvelle de rendre les mélodies plus entrainantes que d’habitude. Ici, les synthétiseurs fanfaronnent au détour d’un break de batterie particulièrement soutenu. Là, les voix sont un peu moins coincées derrière leurs micros. Contre toutes attentes, elles se lâchent même plutôt bien malgré la réverbération. Avec les congas qui surgissent au détour d’un couplet on se sent presque à la maison. On est tellement bien installé que l’on part immédiatement chercher cette compilation de Liquid Liquid qui traine dans nos étagères.
Avec Ah Yeh, Beak> repart faire un tour du côté du krautrock. Le morceau repose une fois de plus sur des rythmiques motoriks et un ensemble de lignes de basses hypnotiques, de celles qu’affectionnaient Holger Czukay. Les synthétiseurs nous jouent des phrases incantatoires sans pour autant gommer toutes les aspérités d’une telle composition. Beak> retrouve ainsi les sonorités râpeuses de ses débuts avant de disparaître comme un fantôme jusqu’à leur prochain disque.
( ♫) Beak> – Ah Yeh
Mathieu