Tout le monde est debout sur la scène. Nikkie Belfiglio lève la bras et tient fièrement une baguette de batterie dans sa main. Une ligne de basse démarre dans un ronflement grave, on n’entend que ça pendant quelques secondes dans la salle. Le reste du groupe enchaine, il y a une rythmique métronomique et primitive – c’est l’avantage de jouer debout – et des guitares punks qui nous rejouent inlassablement les mêmes riffs acérés. Ben Hozie scande devant son micro avec une morgue détachée et sarcastique tandis que Nikkie Belfiglio lui répond avec un chant survolté. Elle frappe activement sur la cymbale d’un kit de batterie à moitié assemblé relié sur un synthétiseur. Je regarde une vidéo du concert de Bodega qui a eu lieu au début du mois d’avril à la Maroquinerie et je regrette déjà de ne pas y avoir été.
Ils étaient venus défendre leur troisième disque, « Broken Equipment », et vous pourrez y entendre en vrac : des guitares abrasives qui reprennent des petits riffs à la New Order sauf que ça sonne plus comme de la power-pop échappée des années 90 avec Pillar On The Bridge Of You, des titres comme Statuette On The Console ou How Can I Help Ya, lancés à toute allure sur l’autoroute du punk – avant de s’emplâtrer sur une rambarde de sécurité pleine de larsens et de bruits – et quelques passages qui donneraient presque envie de danser comme ce Territorial Call Of The Female porté par une ligne de basse pleine de groove et le chant impérial de Nikkie Belfiglio. Je ne sais pas s’ils ont sorti les guitares acoustiques à la fin de leur concert pour reprendre After Jane mais cette conclusion calme a le mérite de nous laisser reprendre notre souffle, un genou à terre, en sueur, épuisés mais heureux.
Avec C.I.R.P Nikkie Belfiglio et Ben Hozie se répondent d’un couplet à l’autre. Le reste du groupe s’aventure dans une sorte de post-punk qui réussit à paradoxalement nous entrainer par sa tempo tout en nous crispant un peu plus avec sa description satirique de cette vie urbaine proche de la notre. Pendant ces 3 minutes et 44 secondes Bodega me ferait presque penser à « Stop Making Sense », le concert survolté de Talking Heads tourné par Jonathan Demme. Il est probable aussi que j’oublie cette musique d’ici 2 semaines mais c’est très bien comme ça, le plaisir de la redécouvrir sera encore plus grand.
( ♫) Bodega – C.I.R.P
Mathieu