1987, Nous sommes quelques parts au milieu de l’Ecosse, pas très loin de Glasgow. Stephen McRobbie porte une tenue amusante et confortable. Il empoigne sa guitare, une Gibson demi-caisse un peu fatiguée. Il joue un accord complètement distordu par la fuzz, puis il s’arrête là pour attraper un tambourin. Katrina Mitchell joue de la batterie debout et quelqu’un a sorti l’orgue. La ligne de basse rebondit comme une balle en caoutchouc. Le chant de Stephen McRobbie court derrière Lou Reed et Jonathan Richman et, euh, qui a pris une guitare acoustique ? La première prise est la bonne et Sit on it Mother sera en troisième position de « Sittin’ Pretty ».
Samedi 25 Juin, je suis au Petit Bain et il fait encore jour. J’achète un exemple de « Super 45 t » au stand de merchs. Sinaïve vient de finir de jouer, ils étaient là pour la première partie. Je me souviens avoir imaginé, en écrivant sur « Dasein » en plein confinement, un hypothétique concert et ce moment vient enfin d’arriver. Ils étaient trois, la basse était moelleuse comme des draps propres et claquante comme un coup de fouet, la guitare saturée comme jamais par une Proco Rat héritée de Jim Reid et la batterie était, bien évidemment, jouée debout. L’énergie était là, et je ne peux que me réjouir de voir enfin cette twee-pop strasbourgeoise réveiller, un temps, mes acouphènes.
Ce qui nous amène à Trash Mental. Texte lettré pour intonation yéyé, Fender Jazzmaster et Jaguar shoegaze en plein surégime, basse vrombissante sur percussion répétitive et un peut -être même un petit harmonica : Sinaïve nous rejoue du rock transfiguré par ses mille excès sonores, de la surf-music réinventée pour une génération perdue. J’ai envie de ressortir « The Perfect Prescription » et je ne sais pas si la première prise était la bonne, mais son évocation de Sit on it Mother des Pastels nous laisse le penser.
Mathieu