Depuis plus d’un demi-siècle, Kenneth Anger traverse le cinéma avec des films occultes et expérimentaux qui s’impriment sur vos rétines, des livres dévoilant l’envers d’Hollywood et des bandes sons littéralement hypnotiques. Kenneth Anger nous quittait le 11 Mai 2023, quasiment un mois après la sortie de cet album de Constant Smiles. Leur dream-pop prend parfois les atours de l’oeuvre du cinéaste : les synthétiseurs sont vaporeux, les guitares se distordent légèrement pour évoquer le soleil qui se couche sur les plages californienne, les boites à rythmes se perdent dans les ellipses et le chant réverbéré de Ben Jones évoque autant les opiacés qu’un rituel des temps anciens.

Les musiciens de Constant Smiles tirent sur la fascination de la pop synthétique jusqu’à être, dans ces instants les plus hypnotiques, en prise directe avec les images elliptiques de Kenneth Anger. Des compositions comme In My Heart ou Here And Gone jouent avec précisions, les basses rebondissent sur des batteries ténues, les synthétiseurs et les guitares s’étirent sur des nappes avant de se perdre dans la nuit. Ici, Gold Like Water et Wandering Hours évoquent la solitude de celles et ceux qui se perdent dans la nuit pour écouter les bruits de la ville. Le groupe préfère ne pas choisir entre shoegaze et pop, rigueur et évasion, béatitude et occulte et c’est très beau.

Avec Loaded Anger, Constant Smiles se permet quelques accords en acoustique avant de lancer tous les tropes de l‘indie-pop sur son dernier tiers, basse hookienne et ligne mélodique pour guitares claires-obscures. Ne sachant quoi écouter entre deux orages d’été, je me repasse le titre, encore et encore, en me disant que ça pourrait être la musique parfaite pour relire quelques chapitres de « Hollywood Babylone ».

( ♫) Constant Smiles – Loaded Anger

Mathieu