J’ai découvert Balladur avec les boucles cold-waves de « Plage Noire, Plage Blanche ». Romain et Amédée chantaient en anglais tout en lorgnant à la fois du côté du bitume de Suicide et des distorsions rétros de Jesus & Mary Chain. Depuis, le duo s’est mis au français et nous racontent les rues poisseuses de Lyon, place Stalingrad, rue Garibaldi, avec une envie d’arrêter la bière et la cigarette pour finir assis devant un clavier, à jouer une petite mélodie mélancolique. 10 ans de carrière et Balladur revient en même temps que l’automne avec un quatrième album, « Pourquoi certains arbres sont si grands ».

Débarrassé de ces atours d’origine, Balladur joue aujourd’hui une musique simple. L’ouverture a un air de Giallo et la rythmique modulaire de Pranzo con noi donne envie de faire un régime après avoir mangé trop de pizza. Ils nous parlent de concerts que l’on regarde seul avec Ces affiches de toi, nous proposent de faire un tour à Guillotière sur un air de guitare réverbérée accompagnée des congas incertains de Ma Dai avant de se perdre dans un flot de questions angoissantes en sur-régime par une boite à rythme oblique sur Les Oiseaux. L’album se termine et on a déjà envie de le rejouer. Il faut dire qu’on a été touché directement en plein cœur avec La Saison de l’amour. Paradoxalement, cette approche plus frontale pourrait bien être la porte d’entrée la plus évidente de leur univers.

Avec Ça m’a tellement manqué, Balladur nous sort son banger ultime. Celui que l’on se passe au premier coup de mou, celui qu’on écoute pour oublier l’été chaotique et les soirées sombres, celui pour lequel on sort le vinyle pour l’entendre sur la platine dans le salon. Celui qui nous faire sentir mieux après qu’avant. Il n’en faut parfois pas beaucoup plus pour en arriver là : une basse moelleuse, un synthétiseur qui nous joue ses plus belles mélodies et un texte qui sonne comme une évidence.

( ♫) Balladur – Ça m’a tellement manqué

Mathieu