John Dwyer appuie du pied sur sa pédale d’effet, une fuzz de la marque Death By Audio et l’ampli siffle dans toute la pièce. Il s’approche du micro pour beugler frénétiquement un texte reprit de Blurt qui raconte l’histoire angoissante d’un poisson et d’un vélo. Le claviériste se lance dans une étrange cavalcade avec son synthétiseur pendant que les deux batteurs et le bassiste semblent tous les trois au bord du sur-régime avec leur rythmique hypnotique. Un saxophone débarque dans le mix. Il est comme un type bourré qui aurait un éclair de génie au milieu d’une conversation approximative à la fermeture d’un bar à 3 heure du matin.
Oh Sees, OCS, Thee Oh Sees, j’ai perdu le fil, mais peu importe. A 49 ans John Dwyer continue inlassablement son projet musical à la manière d’un Mark E Smith plus sympa. Chaque album se ressemble sans sonner exactement pareil, chaque riff psycho-rock joué sur l’EGC en aluminium du frontman de OSEES est une lumière dans l’obscurité, un repère immuable en cas de problème, un bar où l’on peut encore prendre un verre tranquillement en écoutant de la bonne musique. La pochette de « Intercepted Message » me fait autant penser à l’orc de « Face Stabber » qu’à l’insecte de « An Odd Entrances », aux dents de « Floating Coffin » ou au chien de « Putrifiers II ». Un pot-pourri d’ambiances qui viennent du punk, des comics, des jeux de rôles, et des films d’horreur en VHS, un succédané d’excès et de grandiose.
Haletant, électrique, énervé, dantesque, Goon court de travers, termine sur les genoux avant de repartir de plus belle. John Dwyer chante comme un personnage de cartoon, tient la barre et joue du rock, tout simplement, celui qui synthétise le krautrock, celui qui tente de jouer avec une basse groovy, celui qui joue inlassablement les mêmes accords sur une guitare porté assez haut, celui qui ne s’excuse pas de tenter des trucs un peu dingo. OSEES, OCS, Thee Oh Sees, si le nom change tout le temps c’est pour avoir le plaisir de les redécouvrir à chaque nouveau disque.
( ♫) OSEES – Goon
Mathieu