De Bar Italia, je connais peu de choses, au point d’en arriver à imaginer ce que semble être le groupe juste en écoutant leur musique, un sentiment que je n’avais pas éprouvé depuis longtemps alors que le mystère d’un jeune groupe de rock fait dorénavant partie d’un flux incessant de données. Bar Italia – En référence au célèbre café de Soho – ce sont trois voix qui jonglent d’un couplet à l’autre, deux guitares dont la série d’accords distordues répondent étrangement à des lignes mélodiques bizarrement saturées, et une section rythmique tirée au cordeau.
Nina Cristante, Sam Fenton et Jezmi Fehmi se sont rencontrés en 2019 pour former Bar Italia. Ils ont produits deux premiers disques chez Dean Blunt avant d’arriver chez Matador. Ils prennent chacun la parole à tour de rôle, donnant l’impression que chaque couplet est une nouvelle chanson pop au sein d’une autre chanson pop, une étrange harmonie qui enrichie leur musique d’écoute en écoute. Sur leur dernier album, « The Twits », on gravite entre la mélancolie du rock indépendant et les nappes de guitares d’inspiration shoegazes, en passant par les atermoiements post-punk de Hi Fiver ou la ballade mid-tempo jouées en acoustique sur Jelsy. Des chansons qui sonnent comme des petites fresques personnelles, jonglant d’une histoire à une autre, désespérément pop et parfaitement indie.
J’avoue avoir un petit faible pour Sounds like you had to be there. On y entend des guitares qui jouent une mélodies probablement déjà entendue sur un disque de Galaxy 500 et la voix de Nina Cristante, entre confrontation et fragilité, porte le morceau jusqu’à son intime conclusion. Le titre s’arrête d’un coup avant de disparaître aussi vite qu’il s’était livré à nous, comme si Bar Italia jugeait qu’il n’y avait pas besoin d’en dire plus. Ne pas trop en dévoiler pour mieux se protéger, comme pour rester, à jamais, une ultime énigme irrésolue.
( ♫) Bar Italia – Sounds like you had to be there
Mathieu