Les musiciens jouent des riffs étrangement tarabiscotés sur leurs guitares. Quatre personnes, les bras coincés dans leurs camisoles, se lancent dans une danse frénétique et incontrôlée. La basse turbine comme jamais, elle ne sonne jamais complètement grave sans pour autant venir dans les aigus. Des lumières stroboscopiques sont jetées en pleine figure des spectateurs qui finiront hagards sur le bord du trottoir. Le chanteur vitupère sur son micro avant de sombrer dans une folie qui se retourne contre lui. Heureusement, il y a quand même des saxophones sur le nouveau disque de Uranium Club Band.
Je me souviens avoir vu Uranium Club Band en concert il y a six ans. C’était dans le cadre du festival Villette Sonique, et leur musique semblait ne pas vouloir choisir entre rock garage écroulé et post-punk cataclysmique. Dans la foulée, je trouve un disque d’eux et j’en reste là, jusqu’à la sortie « Infant Under The Bulb ». 11 titres frappadingues où les guitares sont jetées à la va-comme-je-te-pousse, où les rythmiques métronomiques rendent hystériques une basse prognathe, où les saxophones s’invitent soudainement pour réorienter cette musique exaltée vers un soupçon bienvenu de free-jazz.
Avec Big Guitar Jackoff In The Sky, Uranium Club Band se lance, ivre, dans une course poursuite effrénée sur le périphérique à 4 heures du matin avant de ralentir sur son dernier tiers. Un saxophone tendu par l’euphorie et un piano discret tentent de réorienter le titre vers une sorte de jazz West Coast, mais c’est déjà trop tard. Chaque instrument joue en surrégime avant de conclure sur un ultime riff bidouillé à l’arrache. Il n’en fallait pas plus pour laisser la place à la quatrième partie de The Wall, longue plage ambiante contée par une narratrice parfaitement inspirée par cet intermède psychédélique.
( ♫) Urannium Club Band – Big Guitar Jackoff In The Sky
Mathieu