Cassandra Jenkins – My Light, My Destroyer

Ecouter de la musique comme un amnésique. Cette règle que j’essaye tant bien que mal de m’imposer m’est revenue un soir avec le dernier album de Cassandra Jenkins. J’aurais pu vous parler en détails de la gestation de cet excellent disque, mais Vincent l’a fait bien mieux que moi sur Popnews. Les propositions musicales de la compositrice, toutes différentes, pertinentes, touchantes, enivrantes, n’ont cessé de me rappeler qu’à ce jeu là, il faut savoir oublier les artistes que l’on a trop glorifiés pour reforger nos oreilles avec de nouveaux titres imparables, comme ce Clams Casino, indispensable tube placé en seconde position de « My Light, My Destroyer ».

Et même si cette pop, qui marie autant les guitares que les synthétiseurs, trouve des sons qui me rappellent parfois les 35 dernières années de l’indie-rock, il faut bien reconnaître que ne pas trop s’appesantir sur les vieilles gloires du passé est encore le meilleur moyen de se laisser de nouveau emporter par ces notes imparables. Folk immédiat, tube pop-rock, claviers chargés en néon, plages atmosphériques, dès l’ouverture de « My Light, My Destroyer », Cassandra Jenkins va bien au delà des genres que l’on pourrait se faire de sa musique. Elle s’amuse avec une liberté certaine à fragmenter l’identité même de ses compositions.

Et s’il fallait bien garder un titre, pourquoi pas Petco. Le titre zigzague entre un couplet calme, étrange, doucereux et un refrain facétieux où la guitare électrique part en surrégime dans un maelström de saturations et de trémolos. De quoi évoquer les plus belles heures des Breeders menées par Kim et Kelley Deal, mais c’est avec un astucieux pas de côté que Cassandra Jenkins déjoue le piège de la nostalgie fatiguée. Plutôt que de nous servir les morceaux de bravoure attendus, elle ménage judicieusement ses effets, coupe la distorsion au bon moment, avant qu’elle n’en fasse trop, juste assez pour devenir indispensable, et mixe l’ensemble avec un sens de la fragmentation qui lui donne un sonorité bien plus intemporelle, à la fois sans lendemain et éternelle. Une certaine idée de la pop confectionnée avec amour et en plus les animaux dans le clip sont trop mignons.

( ♫) Cassandra Jenkins – Petco

Mathieu

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