Je dois la découverte de Horse Jumper of Love au plus grand des hasards. Programmés en première partie du concert de Corridor en Novembre dernier à la Maroquinerie, ils m’ont surpris en déployant lentement un mur de distorsion digne des plus beaux légataires de Slint ou Codeine. Guitares alternant accords au ralenti et riffs passés à la fuzz, gavés de larsen, basse lourde à la limite de vous briser les tripes et les tympans, une batterie martelée à la force du poignet ainsi qu’un chant cafardeux : je m’étonne encore de pouvoir écouter cette musique comme un refuge confortable pour ce début d’année. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas.
Je découvre alors une poignée de disque. Le groupe provient de Boston et est principalement formé de Dimitri Giannopoulos au chant et à la guitare, John Margaris à la basse et Jamie Doran à la batterie. Ils poussent le volume jusqu’à leurs derniers retranchements comme s’ils n’assumaient pas complètement leur envie de jouer du folk triste. Je ne retrouve pas toute l’énergie brute du live sur « Disaster Trick », leur dernier album à ce jour, mais ces onze morceaux débordent de mélodies fulgurantes et de bruits en sur-régime. Une guitare acoustique suivi d’une saturation cotonneuse en ouverture de Snow Angel annonce la couleur et les paroles de Today’s Iconoclast naviguent entre le sarcasme et l’auto-dépréciation, nous rappelant les débuts glorieux d’Idaho. On a connu pire.
Et s’il ne fallait garder qu’un seul titre, il faudrait peut être se pencher sur Lip Reader où l’on retrouve ici mélangées toutes les velléités du groupes, l’alternance entre le folklore d’une guitare boisée et jouer fort en faisant monter le volumes des amplificateurs jusqu’à rendre prégnante l’électricité de ses instruments. Le morceau commence comme il se termine, en égrenant ses paroles sombres et glaçantes avant de s’arrêter sur un écho disparate. Il ne m’en fallait pas plus pour affronter le froid de ce mois de Janvier.
( ♫) Horse Jumper of Love – Lip Reader
Mathieu