Dimanche 2 Octobre, il fait chaud et je remonte le boulevard Sebastopol, quelques parisiens finissent tardivement leur repas à la terrasse d’une brasserie. Il est 14h30, je suis en avance et j’en profite pour jeter un œil sur l’exposition permanente de la Gaîté Lyrique. Il y a des jeux vidéos créatifs et je suis assez content de pouvoir montrer à un gamin de 12 ans comment fonctionne un jeu de réflexion, je me sens soudainement moins vieux. Parmi les livres il y a pleins de choses pour les graphistes et autres adeptes du do-it-yourself, et je tombe par hasard sur des livres de programmation pour ingénieur du son, et tout d’un coup j’ai envie de me remettre à coder en C++ …
( ♫ ) Michel Cloup – Un Film Américain
Et puis finalement je sors de mes rêveries et je retrouve des gens : il y a Starsky et KMS, il y a Céline et Vincent. Nous discutons un peu de Diabologum, en comparant l’écriture musicale d’Arnaud Michniak et Michel Cloup. On se dit aussi qu’Un Film Américain est une belle happy-end à ce grand disque qu’est « Notre Silence ». Puis je prépare mon appareil photo, et Michel Cloup arrive seul sur scène, il branche sa guitare barytone, sample quelques lignes mélodiques et ouvre ce concert avec Je Te Regarde Dormir. Emotion palpable et tension dans la salle …
Puis il est rejoint par King Gordo / Patrice Cartier, batteur d’Experience et Binary Audio Misfits, et les titres de « Notre Silence » prennent soudainement une force supplémentaire, joués là, en live, devant nos yeux. Je me souviens avoir vu Michel Cloup la première fois en concert en 2001, lors du festival des Inrocks avec Experience. Ce soir là, il y avait une affiche hétéroclite à l’Olympia : New Order, Hawksley Workman, The Music (qui se souvient ?). Je me rappelle alors d’une version assez abrasive de Pour Ceux Qui Aiment le Jazz …
Vers la fin le live-sampling de guitare vire noisy et j’aime beaucoup. La batterie martèle une rythmique qui attaque nos tympans, il fait soudainement très chaud à la Gaîté Lyrique. Puis Michel Cloup et Patrice Cartier échantillonnent chaque caisse de la batterie et quelques cris vaguement primaux et ça nous touche en plein coeur. Lorsque Michel Cloup revient en rappel, c’est pour rejouer tout seul à la guitare Aujourd’hui Maintenant d’Experience et surtout De La Neige En Eté, la superbe ouverture du « #3 (Ce n’est pas perdu pour tout le monde) » de Diabologum, un instant qui plonge immédiatement la salle dans une intense nostalgie (je parle là d’un temps que les moins de vingt ans ne doivent pas connaître). Comment c’était déjà ? « Quand j’ai ouvert les yeux / le monde avait changé / au milieu du mois d’août / je crois qu’il a neigé » …
( ♫ ) Diabologum – De La Neige En Eté
Texte et photos de Mathieu Gandin