Vendredi 19 Juillet, je quitte rapidement le travail, je passe par chez moi reprendre quelques forces et je traverse tout Paris pour me rendre au 104. Ce soir, l’immense lieu accueille le City Sound Festival qui consacre sa programmation à la ville de San Francisco. L’expo Keith Haring a encore lieu et je navigue entre deux constructions inspirées du peintre New-Yorkais tout en sirotant une première bière.
J’expédie ma bière – car on n’a pas le droit de boire dans la salle, c’est pénible – pour aller voir Ty Segall qui ouvre la soirée en configuration one-man-band. Le public ne tarde pas à se lancer dans un premier pogo sur les martèlements de la grosse caisse. Ty Segall s’escrime violemment sur sa Fender Mustang et nous expédie son premier titre en deux minutes. Certains vont jusqu’à faire du stage-diving sur Philippe Manoeuvre. Le volume sonore n’est pas encore très élevé et les morceaux sont un peu toujours les mêmes. Ty envoie systématiquement la même rythmique binaire, c’est marrant, efficace, mais je préfère largement quand il joue en groupe. Je prends quelques photos au milieu de la foule tout en enregistrant maladroitement un titre. Lors du rappel je me dis qu’il faudra quand même que j’aille écouter son prochain album solo qui devrait sortir à la fin du mois d’août …
( ♫ ) Ty Segall (boolteg enregistré au milieu des pogos)
Je retrouve plein de beau monde, je discute, et je reprends un verre, que l’on ne peut toujours pas boire dans la salle, et c’est ainsi que je rate le début du set de Moon Duo. Sanae Yamada et Ripley Johnson sont maintenant accompagnés d’un batteur dont le jeu hallucinant s’approche sensiblement de la boîte à rythme humaine. Depuis que j’écoute Moon Duo, j’ai toujours plus ou moins imaginé de les voir en concert, où des jeux de lumière stroboscopique viendraient illustrer leurs compositions hypnotiques et psychédéliques pour nous laisser dans un état proche de la catatonie. Et bien ce soir, je crois bien que le set de Moon Duo est fidèle à l’image que je me représentais d’eux. Je ressors halluciné, les jambes chancelantes ; ce fut un grand moment de riffs répétitifs. Ils continueront de résonner dans mon crâne jusqu’à la fin de la soirée.
( ♫ ) Moon Duo – In The Sun (boolteg enregistré sur le côté de la scène)
Je me demande bien comment White Fence va pouvoir passer après ça. Leur rock sixties sous influence des Byrds mais un peu plus branleur et garage risque de procurer une étrange impression après Moon Duo. Sur scène, Tim Presley est accompagné d’un bassiste au look un peu psyché et d’un second guitariste équipé d’une Steinberger qui sort quelques riffs stridents et assez anguleux. Il joue parfois du synthétiseur, son maquillage un peu glam et sa tenue assez austère apportent une toute petite touche post-punk à l’ensemble. Ca sera l’une des rares incursions modernes dans ce set assez rétro qui sera interrompu par les règles un peu trop strictes des vigiles et l’apparition sur scène d’australiens visiblement bien avinés dont l’unique intention semble de pourrir le set de White Fence, qui, en bon prince, les laissera danser sur scène pendant un morceau. Ty Segall vient jouer de la basse et je regrette un peu qu’ils ne se soient pas mis à rejouer un ou deux titres de « Hair ». Fin de soirée pour moi, je rentre avec la ferme intention de m’écrouler sur mon lit.
( ♫ ) White Fence avec Ty Segall à la basse (bootleg)
Samedi 20 Juillet, ça recommence avec Shannon And The Clams. Entre quelques vocalises doowop très fifties, dans le genre de celles que l’on peut entendre dans les moments les plus naïfs de certains films de David Lynch, l’imposante chanteuse prend du coffre, joue puissamment de la basse – elle joue sur une superbe Danelectro soit dit en passant – et entraine son groupe vers des compositions plus garages. Le set est efficace, bien ficelé et plutôt bien orchestré, et il n’en faut pas beaucoup pour que je me mette à hocher frénétiquement de la tête même si j’ai l’impression d’avoir déjà entendu dix mille fois ce genre de mélodies …
( ♫ ) Shannon And The Clams (bootleg enregistré au premier rang)
Je me retrouve au stand de merchandising, les vinyles de Thee Oh Sees sont à 10 euros et celui de Warm Soda est plein de couleurs. J’en prends deux et je retourne dans la salle quand j’entends la petite cloche sonner. Oui, quand le concert commence, quelqu’un l’annonce en sonnant avec une clochette. Si l’intention est louable, il faut bien reconnaître que tout cela donne un petit côté scolaire à l’ensemble …
On m’avait prévenu avant, Warm Soda c’est de la power-pop un peu crétin mais hyper-efficace. Sur scène c’est la même chose et c’est juste superbe. Un accord (joué avec une Ovation Breadwinner) puis un deuxième (joué sur une Gibson) puis la basse (une Mosrite) puis le premier couplet, un refrain, le second couplet, un pont, un solo (parfois), la basse toute seule, et puis la conclusion explosive. Warm Soda me fait penser parfois aux Weezer mais avec quelques choses de plus psyché, de plus rétro. Je hoche la tête de plaisir et j’en profite pour prendre quelques photos du groupe. Ils terminent leur concert avec juste ce qu’il faut de grandiloquence et de solos de guitare. Je doute soudainement que l’enregistrement que je fais à la sauvette rende justice à ce très grand moment …
( ♫ ) Warm Soda – Le dernier titre qui est un superbe final (bootleg enregistré sur le côté de la scène)
On les attendait tous, les voilà, les membres de Thee Oh Sees sont sur scène. Par instant, surtout lorsque les morceaux démarrent, Brigid Dawson joue avec un clavier analogique qui grince un peu, on l’entend bien car le volume sonore est assez élevé. Cela procure un étrange bourdonnement, une pause avant que les morceaux démarrent à toute berzingue. Peter Dammit fait sonner sa Fender Jazzmaster comme une basse et Mike Shoun cogne allègrement sur ses futs. J’essaie de prendre des photos du groupe mais John Dwyer gesticule dans tous les sens tout en exécutant des riffs destructeurs sur sa DS Acrylic qui ressemble à une Travis Bean. Et puis peu importe les photos, le set des Thee Oh Sees est grand, même si je me dis que ça aurait pu aller encore plus loin si la scène avait été plus petite. Deux rappels plus tard, je rentre en métro, les pieds en feu, avec le doux espoir de pouvoir m’allonger sur mon lit. Les dernières notes de Minotaur résonnent encore dans mon crâne et ne sont pas prètes de me lâcher pour la semaine à venir …
( ♫ ) Thee Oh Sees (bootleg enregistré sur le côté de la scène)
Texte, mauvaises photos et booltegs par Mathieu Gandin
Alors, je m’insurge.
John Dwyer ne joue pas sur une Travis Bean mais sur une Electrical Guitar Company (ECG de son petit nom) : http://www.electricalguitarcompany.com/. Travis Bean n’a jamais fait de guitare avec un corps en acrylique / plexiglas.
Tu peux d’ailleurs voir la différence au niveau du dessin du “trou” dans la tête, qui fait un “T” très clair sur les Travis Bean alors qu’il ressemble plus à un trait chez ECG.
Voilà, c’était mon quart d’heure gear nerd.
PS : je peux te prendre une photo de ma TB 2000 (le numéro #990) si tu veux.
Bon, ça, c’était juste pour faire le malin.
Oh punaise 😉 j’ai pris sa guitare pour une Travis Bean !
Merci pour la référence je corrige !