A la dixième seconde, de Javelin Unlanding, Bill Callahan a eu l’idée de génie d’ajouter une phrase mélodique jouée à la flûte. Ca n’a l’air de rien. Ca ressemble juste à un léger détail. Ca fait pourtant décoller le second titre de son nouvel album, « Dream River ».
Je ne sais pas si ça vient de la reprise de I’m New Here par Gil Scott Heron mais le léger virage soul qu’opère Bill Callahan depuis quelques disques fait plaisir à écouter : On y entend une première guitare, plutôt rythmique, puis arrivent la flûte et des percussions presques minimales. Bill déboule rapidement, il chante de sa voix grave et sensuelle. Chaque phrase est ponctuée par une deuxième guitare électrique, le tremolo est généreux et la distorsion est légère.
Quand il se lance dans le refrain « Oh Javelin / Unlanding » j’imagine déjà l’effervescence dans la salle quand il passera en concert. Il remet ça sur Spring notamment avec un orgiaque « All I want to do / Is to make love to you ». Bill Callahan serait-il devenu une sorte de Barry White ou de Isaac Hayes du rock indé ? Je m’interroge en réécoutant ce bon vieux Bathysphere …
Mais je m’égare car on entend aussi des compositions plus country, notamment sur The Sing qui ouvre l’album. Il y a de la pedal-steel, du violon et Bill Callahan qui décrit un vieux bar perdu au fin fond de je ne sais où. Bill prend des bières, il les énumère les unes après les autres, « Beer / Thank you », comme ça pendant presqu’une minute.
On est à côté de lui dans ce vieux bouge. On prend aussi une bière (elle est un peu coupée à l’eau quand même) et on regarde par la fenêtre. Accoudé au bar, on regarde dehors, le vent souffle, le sable s’envole, il y a de la poussière et des dustballs qui roulent. « I’ve got limitations / like Marvin Gaye » Bill nous lâche ça sur la fin du titre. Je me dis qu’il est décidément très fort, Bill. Comme pour Mark Kozelek, je ne serais pas contre un recueil de ces plus beaux textes …
( ♫) Bill Callahan – Javelin Unlanding
Mathieu
toujours très bon votre site! ça faisait longtemps que je n’étais pas passé par la. ciao!
Matteo