Sentir le froid de l’hiver sur son visage. Souffler un peu d’air chaud dans ses mains. Marcher au petit matin pour se rendre au métro. Mettre un peu de musique. Se heurter tout doucement contre les terribles murs de la réalité en écoutant Bodug Songs. On y entend une guitare claire, un clavier froid et une boite à rythme rachitique. Il y a cette façon d’écrire plutôt calme avec une douce progressions vers l’effroi. Il y avait ce titre, Decapitation Blues que l’on pouvait entendre sur « This Alone Above All Else in Spite of Everything » et il y a aujourd’hui l’immense The Rotted Names situé au début de son nouvel album « Stench of Exist ». Les voitures roulent autour de moi, les gens se pressent pour travailler, certains s’énervent, des lumières s’allument, d’autres s’éteignent. Je ne vois pas de meilleure musique à écouter pour cette période post-apocalyptique …
( ♫) Boduf Songs – The Rotted Names
Mat Sweet (alias Boduf Songs) a démarré avec une guitare acoustique. Il y a un premier album solo, plutôt folk, sorti en 2005. Il pouvait déjà nous arracher quelques larmes en perpétuant cette tristesse que l’on retrouve chez Red House Painters, Idaho, ou encore Songs Of Green Pheasant. Par moment, les arrangements s’emballaient et on entendaient deux ou trois bruitages totalement flippants. Depuis Boduf Songs cultive sa mélancolie en la mélangeant avec cette dissonance. La voix de Mat Sweet est grave et quasiment chuchotée, elle oscille entre la fatigue, la compassion et un renoncement bien entamé. Si le field-recording que l’on entend tout au long de « Stench of Exist » ne ressemblaient aux sons de la ville qui nous entoure, il est fort probable que je n’aimerai pas autant écouter un aussi beau titre que Thwart by Thwart en ce matin d’hiver …
( ♫) Boduf Songs – Thwart by Thwart
Mathieu