On peut affirmer sans hésitation que Brian Eno est un génie. Ne serait-ce que pour avoir inventé le jeu de carte des Stratégies Obliques, ou encore avoir réalisé quelques chefs d’œuvre tels que « Before & After Science » et « Apollo Atmospheres Soundtracks », sans oublier la production de certains des meilleurs disques de Bowie ou des Talking Head, Eno est encore une figure incontournable en matière de pop moderne.
Au fur et à mesure que le temps passe, je déniche toujours une de ces créations musicales, ou une collaboration avec un autre groupe. Ma dernière découverte est sa participation avec Harmonia, un super-groupe de Krautrock composé de l’ancien Neu ! Michael Rother (un jour il faudra que j’écrive ô combien “Neu ! 75” fait partie de ces immenses disques de Krautrock) ainsi que Hans-Joachim Roedelius et Dieter Möbius de Cluster. Cela remonte donc à quelques années, puisque « Tracks And Traces » est constitué d’une collection de titres enregistrés en 1976, qui n’ont été édités qu’en 1997, avant d’être ressortis récemment en 2009. Difficile de comprendre pourquoi ce chef d’œuvre est resté aussi longtemps dans les tiroirs d’Harmonia & Eno tant la puissance introspective des premières notes de Vamos Companeros a de quoi transporter n’importe quel auditeur par ces volutes synthétiques et ambiantes.
Entièrement atmosphérique, « Tracks And Traces » est composé pour l’essentiel de longues notes de claviers, de guitares, ainsi que de quelques rares patterns programmés sur d’anciennes boîtes à rythmes. Au milieu de ces influences synthétiques, on peut entendre Luneburg Health, seul titre chanté par un Brian Eno dont la voix froide apporte une étrange marque d’humanité au milieu de toute cette musique brute, expérimentale et électronique. Dans les guitares de Les Demoiselles on y entend parfois une sorte de blues lymphatique, qui inspirera d’ailleurs Eno pour le célèbre Deep Blue Day que l’on peut entendre sur « Apollo Atmospheres Soundtracks ». Tout ceci est saisissant par sa simplicité et sa beauté.
Pour le reste, le mieux est encore d’écouter ce disque, ces ambiances conviennent plus à l’écoute active qu’au long résumé. Autant en rester sur un silence admiratif …
Par Mathieu
Chronique publié de façon légèrement différente sur Indiepoprock.net
Ajoutons à cela que les derniers disques de Roedelius sont des petits chefs-d’oeuvre. Et ne pas oublier les collaborations entre Cluster et Eno qui sont au nombre de trois. Bref plein de bons disques à écouter et quelques heures de bonheur 😉
Yes, les collaborations d’Eno et Cluster sont d’ailleurs sur Spotify, KMS m’avait fait suivre celui-là : http://open.spotify.com/album/43JNeMbiovsiCNkuX1Z9wm