Arto Lindsay, Young Marble Giants et Owen Pallett au Festival Villette Sonique

Mardi 1er juin, il pleut et je me rends à la grande Halle de la Villette. Je me suis décidé à la dernière minute, mais ce n’est finalement pas une mauvaise chose, car j’avoue que l’idée de voir en concert Arto Lindsay, Young Marble Giants et Owen Pallett dans la même soirée a rapidement piqué ma curiosité. Des artistes si différents, si particuliers, que cela présage d’une soirée passionnante, à défaut d’atteindre le pic émotionnel que fut la veille avec Joanna Newsom et Roy Harper, du moins d’après ce que me dise Erwan et Cécile que je retrouve ce soir.

Nous nous installons dans la Grande Halle ; la salle est ce soir dans une configuration plutôt froide, avec des gradins partout, et l’impossibilité d’y boire une bière tranquillement. Pas le temps de râler, que déjà Arto Lindsay arrive sur scène, caché derrière ces lunettes, à l’identique comme sur les photos de l’époque DNA, mais en plus vieux, équipé de sa vieille guitare douze cordes, sur lesquelles on imagine qu’il a dû se faire saigner les doigts afin d’en sortir quelques sons dissonants. Accompagné d’un groupe brésilien, Arto Lindsay démarre son set dans un registre plutôt bossa-nova, confirmant ainsi les dires d’un ami qui avait écouté certains albums solo de Lindsay, alors que pour ma part j’en étais resté à DNA.

L’ambiance Bossa s’installe doucement, Arto Lindsay chante plutôt bien dans ce style-là, et évoque parfois la langueur de Joâo Gilberto, étonnant, d’autant plus qu’on n’entend toujours pas le son de sa guitare, tandis que la section rythmique martelle une assise en béton. Puis Arto s’arrête de chanter, enclenche une pédale, et semble perdre possession de son corps tout en faisant sortir des sons bruitistes et passionnants de sa guitare. Le plus impressionnant c’est que l’ensemble fonctionne dans la confrontation entre une rythmique des plus carrées et une guitare totalement free. De l’art de cultiver le contrepoint … Le reste du set se prolongera dans la même veine, et malgré ce décalage intéressant, la partie bossa se révèle quand même assez longue par moment, j’aurais aimé entendre un peu plus la guitare d’Arto Lindsay.

Je prends enfin une bière, et voilà que Young Marble Giants s’installe sur scène, grosse attente pour ma part tant « Colossal Youth » fait partie de ces disques que j’ai longuement écouté et dévoré. Ce soir là Alison Statton, Stuart et Philip Moxham était présents, ils étaient étrangement accompagnés d’un batteur. Mais que l’on se rassure, le batteur en question dispose d’un kit qui sonne à l’identique de la fameuse boite à rythme primitive du groupe, ce qui leur évitera de la reprogrammer pendant quinze minutes entre chaque morceau (apparemment c’était le cas en 1979, lors des concerts).  D’ailleurs le groupe rejoue quasiment à l’identique l’essentielle de ces compositions : Waiting For Mr Light, N.I.T.A, Choci Loni, …

Est-ce un problème ? Young Marble Giants semble avoir construit ses morceaux dans le but de ne jamais donner la note de trop, et je ne vois pas comment un tel chef d’oeuvre aurait pu être joué autrement. Finalement, le plaisir de voir jouer groupe est là et Young Marble Giants semble aussi se faire plaisir sur scène, une scène peut être trop grande pour ce grand groupe, qui a su en un album influencer un nombre incalculable de musiciens, Everything But The girl et Dominique A en tête. Je me surprend à freudonner les quelques paroles, les mélodies toutes simples, les lignes de basse précises ou encore à battre du pied sur cette rythmique métronomique. Je ressors finalement content de ce concert qui s’avère vraiment touchant.

Il est 23h et j’accuse d’un coup de fatigue, trop de tout. Difficile alors de me concentrer sur Owen Pallett qui démarre son set, d’autant plus que je ne connais quasiment pas sa discographie, à l’exception de quelques titres entendus sur internet. Alors je me laisse balader par cette musique, qui démarre plutôt calmement au violon, avant que ce dernier ne soit auto-samplé à outrance, noyant ainsi les spectateurs sous de petites boucles dont l’ensemble demeure cohérent. Aidé d’un guitariste, que l’on n’entend pas, qui fait aussi le batteur sur un caisse, que l’on entend bien par contre, Owen Pallett se révèle passionnant dans un registre lyrique, voire médiéval. Mais je sens la lassitude venir rapidement lorsque le violoniste se lance dans une sorte de sous-Animal Collective, car pas assez frappa-dingue. Il est minuit, et c’est le rappel, je tombe de sommeil, je sort sous la pluie et j’appelle un taxi pour rentrer chez moi. Soirée mitigée mais paradoxalement passionnante. Un bon moment me dis-je en m’endormant calmement …

Par Mathieu

4 thoughts on “Arto Lindsay, Young Marble Giants et Owen Pallett au Festival Villette Sonique

  1. Je regrette bien de pas avoir pu venir pour voir (entre autres) Young Marble Giants, par contre Owen Pallett, la lecture de ton post confirme ce que j’en pensais, ça a l’air un brin ennuyeux, non?

  2. Impressions assez différentes sur cette soirée mais ce n’est pas une surprise non? 😉
    Arto Lindsay fut vraiment un calvaire, “la partie bossa se révèle quand même assez longue par moment” est un doux euphémisme ^^

    @Disso: non :p

  3. @Disso et Erwan en fait j’ai trouvé que paradoxalement Owen et Arto ont joué de façon assez proche, alors que leur musique est très différente. Les morceaux se ressemblaient beaucoup, des trucs passionnants, d’autres moins …

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