Jeudi 23 Avril, mon dernier concert était dans un bar à Montreuil pour y voir les débuts sur scène de M[[o]]on, la chaleur et une certaine forme d’épuisement professionnel s’abattent sur moi alors que je retrouve ma chérie dans un magasin bio. Nous nous rendons au Bataclan, Godspeed You! Black Emperor y joue pour la deuxième fois ce soir. En entrant dans la salle, je me sens déjà rassuré par cette ambiance assurément plus introspective que la Grande Halle de la Villette où je les avais vu la dernière fois, il y a quatre ans …
C’est à Carla Bozulich d’ouvrir cette soirée après Xylouris White qui officiait la veille. La vocaliste et guitariste plutôt free est accompagnée d’Adriàn De Alphonso Prieto-Puga qui vient poser quelques boucles supplémentaires sur cette musique pleine de bourdonnements, de bruits et de riffs lointains. La voix de Carla Bozulich est impressionnante, elle est portée par une exigence punk, tout en étant, paradoxalement, pleine de fragilité. C’est d’ailleurs au moment où elle se met à chanter que j’ai l’impression de sentir les morceaux décoller, de les voir quitter leurs espaces d’improvisations pour partir vers quelque chose de beaucoup plus grand. Pour son dernier titre, Mauro Pezzente et Tim Herzog rejoignent le duo. Profitant de l’ajout d’une partie de la section rythmique de Godspeed You! Black Emperor, la musique de Carla Bozulich gagne en efficacité tout en gardant cette sincérité présente depuis le début du set.
( ♫) Carla Bozulich, Adriàn De Alphonso Prieto-Puga, Mauro Pezzente & Tim Herzog (Live)
Il suffit d’un drone lancé pendant le réglage des instruments pour que le concert de Godspeed You! Black Emperor démarre. Le long bourdonnement se déploie lentement dans nos oreilles avant de gagner en force jusqu’à l’arrivée progressive du groupe. Un film en noir et blanc nous plonge dans une sorte d’hypnose mélangée de la tristesse. Des paysages citadins abandonnés défilent devant nous pendant que Rockets Fall on Rocket Falls prend son envol dans une rare beauté. Fuzz et violon se marient sur la deuxième partie du concert lorsque le groupe reprend intégralement « Asunder, Sweet and Other Distress » où je suis à deux doigts de lâcher une petite larme quand cette musique atteint un certain paroxysme (non sans effectuer un virage prog par moment, nous dirons quelques mauvaises langues). Il n’empêche, si la fin du monde devait venir un jour, je crois que je la passerais enlacé dans les bras de ma chérie, en écoutant la discographie complète de Godspeed You! Black Emperor …
( ♫) Godspeed You! Black Emperor – Hope Drone (Live)
Textes, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin