L’autre jour j’ai bien cru que c’était la fin du monde. J’avance au milieu des ruines en essayant de me remémorer les événements de la veille. Je ne sais plus comment cela a commencé. Mes souvenirs s’embrouillent et reviennent par intermittence …
Ce jour-là, j’avais la chance d’être en lointaine banlieue pour le boulot. C’était vers 17h quand le train s’est arrêté en pleine campagne. Il y a eu un message de service qui a, comme à son habitude, énervé les passagers. S’ils avaient su ce qui se passait, ils auraient peut être réagit autrement. Toujours est-il qu’après vingt bonnes minutes d’attente nous avons alors vu l’immense champignon atomique apparaître dans le ciel, rasant ainsi Paris. Nous avons tous regardé nos téléphone portable, mais il n’y avait plus de réseau. Nous n’entendions plus qu’un immense bourdonnement dont les basses fréquences ne cessaient de résonner dans nos oreilles …
Je tiens mon dosimètre dans la main gauche et je vérifie les mesures toutes les dix minutes. C’est un geste que j’effectue presque mécaniquement même si je me dis que de toute façon tout est perdu. Je sens déjà mon corps qui lutte contre les radiations.
Des camps avaient été installés pour proposer quelques abris, des premiers secours. Je fais partie de ceux qui accompagnent les sauveteurs pour chercher les survivants au milieu des décombres. Je ne me plains pas, ma situation pourrait être pire, même si je suis parfois pris de nausée et je sens par intermittence une étrange douleur dans le dos. Mes oreilles sifflent quand j’essaye de m’endormir, j’entends toujours ce drone qui tourne en boucle dans mon crâne …
Cela fait déjà quelques semaines que l’on survit comme ça. Certains ont abandonné tout espoir tandis que d’autres s’accrochent à la vie et essayent d’en profiter tant qu’ils peuvent.
J’ai retrouvé un tourne-disque qui fonctionne encore et j’arrive à me passer quelques albums. Je ne m’attendais pas à découvrir par le plus grand des hasards des vinyles de Kiss au milieu des gravas. Ces écoutes m’aident à temporairement oublier l’horreur de la situation.
Au petit matin, mes oreilles sifflent encore, il y avait toujours ce long bourdonnement grave. Comme je n’arrivais pas à me rendormir, je suis sorti me promener hors de mon abri. Une étrange couleur jaune a attiré mon attention. Je me suis penché pour la regarder. Je tenais dans ma main une première fleur …
( ♫) Melvins (Joe Preston) – Hands First Flower
Mathieu