Bonnie ‘Prince’ Billy

bonnie-prince-billy

L’autre jour je suis arrivé en retard à l’aéroport. C’est con mais j’ai raté mon avion et il n’y en avait pas d’autre avant demain. J’avais une journée à perdre. Je suis allé me promener dans la ville mais il n’y avait rien d’intéressant. Alors j’ai loué une voiture et j’ai roulé en direction de la campagne. Je fonçais sur la Rio Negro highway et je pouvais voir défiler le paysage qui n’arrêtait pas de changer, on passait des buildings new-yorkais et branchés aux vieilles maisons cachées en plein milieu de l’ americana. A un moment je me suis arrêté au bord de la route. Je n’étais pas loin d’une ferme. Je suis allé fumer une cigarette, en m’accoudant sur la rambarde qui protège un immense champ de tournesols. Je  pouvais entendre la voix d’un type qui chantonnait et jouait de la guitare acoustique.

J’ai eu peur qu’il me voit, alors je suis resté caché dans les tournesols. C’était un peu ridicule mais je ne voulais pas être vu. La situation était un peu ridicule, mais je ne voulais surtout pas qu’il me surprenne en train de l’écouter. Il était assis sur un vieux banc en bois suspendu sous le porche qui se trouve à l’entrée de la ferme. A ses pieds je distinguais un immense flightcase. Sûrement pour ranger la guitare folk. Sur la droite je pouvais voir un vieux banjo. Je me sentais un peu seul au milieu des tournesols. Il s’est mis à pleuvoir. Mes pieds commençaient à s’enfoncer dans la boue, mes lunettes étaient trempées et mes chaussures toutes crottées. Même si le temps se dégradait, rien n’aurait pu me faire bouger de là tant que ce type jouait ses chansons.

La nuit est tombée. On voyait quelques insectes se regrouper autour d’une petite lampe qui éclairait le porche. Il a joué encore trois chansons, puis il s’est arrêté. Il a rangé la guitare acoustique dans le flightcase. Il s’est levé pour rentrer dans la ferme. Il trainait des pieds et caressait sa longue barbe. Il a éteint la lumière et je me suis retrouvé dans le noir, au milieu d’un champ de tournesol, perdu en pleine campagne. J’ai rejoins ma voiture et il m’a fallu des heures pour retrouver mon chemin. J’ai eu l’impression de tourner mille fois en rond. A un moment je ne voyais plus la route, on aurait dit que je roulais sur des nuages. J’ai vu cinquante fois la même personne avec son vélo. Au petit matin, alors que les accords de guitare du barbu tournaient encore dans ma tête, je suis arrivé à l’aéroport épuisé. J’ai fait tout ce que j’ai pu mais j’ai encore raté mon avion …

http://ndapak.com/category/projects/sectors/buildings/government/ ( ♫) Bonnie ‘Prince’ BillyI Heard Of A Source

Mathieu

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.