Il tenait contre lui sa guitare demi-caisse. Il en jouait soit en acoustique, soit en électrique, souvent dans un rythme syncopé qui passait du sol au ré en s’attardant parfois sur le la. Il avait travaillé le style. Il y avait les tatouages avec des croix, il y avait aussi les cheveux gominés en arrière avec une extrême précision et il y avait enfin les lunettes de soleil et le jean noir, avec un ourlet qui remontait un peu pour voir les bottes. Mais il y a surtout la musique, avec cette voix grave qui traverse chaque titre comme un fantôme qui viendrait nous hanter avec quelques histoires de rédemption et de cœurs brisés. Il y a un peu tout ça dans le dernier album King Dude, qui va encore plus loin que ses précédents disques dans les arrangements sombres, et je trouve ça beau. J’ai une fois de plus l’impression d’entendre la BO imaginaire du prochain David Lynch et je crois que je vais encore passer l’hiver à écouter Barbara Anne en boucle.
( ♫ ) King Dude – Barbara Anne
Il faudrait se pencher un jour sur les vertus quasi-thérapeutique qu’apportent l’écoute prolongée de « This Is Pinback CD » certains soirs où l’on reste planté là, un peu trop fatigué. Il faudrait, mais pas aujourd’hui. En ce moment il y a aussi quelques titres de « Information Retrieved » qui passent bien, surtout le matin. C’est bizarre, contrairement à « This Is Pinback CD », « Information Retrieved » est plutôt un disque du matin. C’est peut être pour ça que j’ai moins accroché sur cet album. Mais il y a toujours des moments où le songwriting est d’une grande habilité, et d’autres où c’est un peu trop démonstratif. En tout cas, il suffit d’écouter Proceed To Memory pour constater que Rob Crow et Armistead Burwell Smith IV savent toujours aussi bien trousser une chanson.
( ♫ ) Pinback – Proceed To Memory
La salle n’est pas très grande mais elle est déjà pleine à craquer. Certains se serrent devant la scène, d’autres attendent encore au bar, à prendre des pintes de bière, à discuter bruyamment, car on passe une compilation de punks espagnols en attendant le début du concert. Les instruments sont déjà prêts, il y a deux guitares, une basse et une batterie, pas de chichi supplémentaire. Les amplis sont allumés et il y a comme un léger bruit dissonant qui commence déjà à faire siffler les oreilles. Quand ils arrivent sur scène, il leur faut juste quelques secondes pour que tout le monde se mettent à sauter de partout, à pogoter et à slammer. Des verres sont jetés en l’air et la bière retombe sur les premiers rangs. Je regrette tellement d’avoir loupé le concert de JC Satàn au Main D’Oeuvre que je réécoute régulièrement leur très bon dernier album « Faraway Land », en particulier Dragon.
( ♫ ) JC Satàn – Dragon
Par Mathieu