L’autre jour j’ai bu jusqu’à la fermeture du bar. J’étais complètement saoul. En même temps ce n’est pas tous les jours que l’on a quarante ans. J’aurais tant voulu les passer avec toi, on aurait pu partir en voyage, loin d’ici, dans un endroit où il y a du soleil. Mais ça n’a pas été possible. Tu es partie avant moi, tu ne m’as pas attendu. Après avoir enquillé les whiskies, je me suis retrouvé assis au bord du trottoir. Je finissais une mauvaise bière et je regardais les quelques rares voitures qui passaient. Devant moi, le soleil commençait à poindre timidement à travers les nuages noirs.
Je suis rentré chez moi. J’ai dormi un peu. Pas trop longtemps non plus, j’ai entendu le craquement des éclairs, c’est l’orage qui s’annonce. Je me suis levé et je suis allé jouer du piano. Je suis resté sur les mêmes notes pendant des heures et des heures, encore et encore. Dehors, il n’arrêtait pas de pleuvoir, ça ne s’arrêtait pas. Je n’ai pas fait grand chose sinon, de toute façon il faisait trop sombre. Ca me semblait bien mal barré cette histoire. En même temps on n’a pas tous les jours quarante ans.
J’ai ressorti une bouteille de whisky. Il n’y avait rien d’autre à faire de toute façon. J’ai lavé un verre sale. J’ai regardé le téléphone qui ne marchait plus. J’ai rempli mon verre. J’ai joué encore trois notes sur le piano. Au loin on entendait un léger bourdonnement hypnotique. Une fleur était en train de faner sur la table. On n’a pas tous les jours quarante ans. Et puis j’ai bu pour oublier la tempête qui vient …
( ♫) Leyland Kirby – We Drink to forget the coming storm – One
Mathieu