Je me souviens de Death Of A Salesman, que l’on peut entendre sur le deuxième tiers de « The Great Destroyer » ; ce titre joué par Alan Sparhawk, seul avec une guitare acoustique, venait rompre avec les atmosphères écrasantes que l’on pouvait entendre sur ce disque. La chanson parlait aussi d’une certaine forme de renoncement, comment se plier aux exigences des autres plutôt que de rester connecté à ses propres besoins …
C’est peut être le besoin de grosses saturations qui a poussé Alan Sparhawk à réaliser ce second album de Retribution Gospel Choir, alors qu’on attendait plutôt de lui qu’il écrive pendant encore quelques temps des passages lents s’étirant sur de longues minutes que l’on écouterait en se morfondant de plaisir. Pour casser cette routine, Alan Sparhawk, entouré du nouveau bassiste de Low (Steve Garrington) et du batteur de Sun Kil Moon (Eric Pollard), a préféré réaliser un disque de grunge avec un son puissamment 90’s, chargé en distorsion plutôt grasse. Des ambiances auxquelles on pourrait reprocher le manque flagrant de subtilité de la part du leader de Low, mais qui nous ferait indéniablement crier au génie si c’était Lou Barlow ou Jay Mascis qui les avaient réalisées … On accueille donc cette déflagration sonore comme un exutoire singulier, psychédélique et légèrement improvisé.
Dès l’inaugural « Hide It Away », Retribution Gospel Choir réussi un joli mélange entre un déluge de guitares saturées qui bombent le torse et la voix catatonique d’Alan Sparhawk, dont on reconnaît immédiatement le timbre sublime, gorgée d’émotions encore sombres. En abandonnant les reprises de Low, Retribution Gospel Choir gagne un peu plus en force, et réussit à tutoyer par moment quelques sommets que n’auraient pas renié Neil Young et son Crazy Horse, lors de quelques explosions électriques, notamment avec le superbe Poor Man’s Daughter. Sur ce dernier, les arrangements s’étirent, s’allongent, deviennent presque imprévisibles, avant de terminer en acoustique, laissant à Alan Sparhawk le soin de conclure dans les larmes avec un « She said lala lala » des plus émouvant. Chasser le naturel …
Electric Guitar enfonce le clou avec ses huit minutes intenses et plutôt noisy, avant qu’Alan Sparhawk ne retrouve doucement et tranquillement la beauté charnelle de Low sur un Bless Us All fantômatique. Et malgré quelques passages un peu moins passionnants (Workin’ Hard, ’68 Comeback), ce second album de Retribution Gospel Choir impose un peu plus le side projet d’Alan Sparhawk comme le résultat fascinant d’un songwriting à la fois charnel et distordu.
Par Mathieu
Chronique publié de façon légèrement différente sur Indiepoprock.net
Déjà écrit dessus il y a un mois et loin de partager ton emballement. Alan Sparhawk est en très petites forme et presque ballourd sur certains titres.
J’ai toujours eu une petite faiblesse pour les albums qui sonnent très (trop) 90’s … 😉