Je me souviens encore lorsque j’ai écouté les premières notes d’« April » de Sun Kil Moon, j’ai eu l’impression d’y entendre l’un des plus beaux albums de Mark Kozelek, alors que sa discographie est déjà riche en chefs d’œuvre. Alternant les compositions en groupe, plutôt électriques et déléthères, avec des passages très acoustiques, Kozelek trouvait l’occasion de conclure le disque avec l’immense Blue Orchids, joué seul à la guitare, où l’on pouvait y entendre toute la maitrise du finger picking de l’ex-leader de Red House Painters.
Deux ans plus tard, Mark Kozelek revient avec « Admiral Fell Promises », tout seul avec une guitare, celle où les cordes sont en nylon, avec un tonalité légèrement hispanique, comme quand je l’avais vu en ouverture de la Route Du Rock, l’année dernière. Des chansons plutôt calmes qui sonnent si simplement qu’elles s’écoutent sans se forcer au petit matin ou lors du soleil couchant. Mark Kozelek délimite sa gamme chromatique et nous propose douze esquisses tremblées des plus touchantes pour ce début d’été, à commencer par l’immense Ålesund, qui annonce d’entrée de jeu les nuances soulignées par le songwriter.
Il y a toujours cette voix, la même que l’on peut entendre sur les premiers disques de Red House Painters, celle-là même qui m’avait plongé dans une grande tristesse lorsque je l’ai entendu pour la première fois, le genre de voix qui m’a fait grandir un peu plus vite que prévu, le genre de voix que j’écoute volontiers pour des moments d’introspection. Lorsqu’il ne chante pas, Mark Kozelek se fait un peu plus démonstratif à la guitare, une incandescence supplémentaire pour ce disque plutôt classe, idéal pour accompagner le spleen de la fin de saison.
J’aime bien cette idée, que Mark Kozelek ait choisi de revenir à des mélodies plus dépouillées, et peut être plus personnelles après les quelques tempêtes électriques de « Ghosts Of The Great Highway » et « April ». Le songwiter trace là une belle ligne de rupture, et même si ça reste dans le même registre de ce que Kozelek sait si bien faire, à savoir les balades folk slow-core, je ne peux pas m’empêcher de trouver cet album courageux, simple et beau. Il tourne encore sur la platine alors que j’écris ces quelques mots …
( ♫ ) Sun Kil Moon – Ålesund
Par Mathieu
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