L’artisanat est la réalisation de produits aux savoir-faire particuliers, conçus hors de tout contexte industriel. L’artisan réalise généralement la plupart des tâches pour produire le résultat de son art, jouer de la guitare, écrire des chansons, chanter, et parfois même enregistrer. Parfois tout ceci rentre en résonance avec les inquiétudes du moment, et face à une immense chaine de production industrielle il est souvent tentant de revenir à des choses simples fabriquées à la force de la main, de revenir à des techniques traditionnelles pour faire du bon travail. Le fruit du labeur longtemps maturé, c’est ce que l’on entend tout au long de ce nouveau disque de Steve Gunn, « Eyes On The Lines » et ce n’est sûrement pas un hasard si j’écoute ces neuf morceaux avec l’intime conviction de retrouver une sorte de quiétude apaisée.
L’autre jour j’ai eu envie de rester là,tranquille, assis sur le canapé, à écouter les nouvelles mélodies qu’ont composées Steve Gunn et ses musiciens. Les premières mesures de « Eyes On The Lines » suffisent pour mettre tout le monde d’accord, la section rythmique fait plutôt bien le gros œuvre, la guitare acoustique reste imperturbable dans son jeu et les phrases électriques peignent une étrange peinture abstraite faite de riffs décontractés et de pedal-steel qui évoquent immédiatement un vieux whisky, refroidi par un glaçon, bu doucement à dix-huit heure pour oublier une longue journée difficile. Il y a des disques comme ça qui élève le songwriting à une forme d’art qui relève plus de l’orfèvrerie qu’autre chose, d’ailleurs je préfère en rester là, il est temps pour moi d’aller se perdre dans ce solo tellement old-school – mais tellement bon aussi – que l’on peut entendre à la fin de The Drop.
Mathieu
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