Mercredi 17 Août, la ville est déserte et j’entrevoie doucement un retour au travail. Je me suis rabattu vers le Trianon où Godspeed You ! Black Emperor ainsi que K/G/D jouent ce soir. J’aurais pu tout aussi bien voir Psychic Ills au Point Ephémère, mais allez savoir pourquoi, j’ai préféré me perdre une fois de plus – une quatrième fois pour être tout à fait exact – dans les orchestrations électriques du collectif montréalais. Il est presque 20h, j’arrive en plein milieu du set de K/G/D – alias Kevin Doria, qui joue aussi dans le groupe Growing et dont l’EP « Lateral » est assez hypnotisant – et je regrette déjà d’avoir rater le début. Je ne crois pas vraiment à la chance, plutôt à une série de mauvaises décisions dont on se rend compte trop tard qu’on n’aurait pas dû les prendre. Voici la première de la soirée, n’avoir pas bien regarder l’heure et rater une (rare) bonne première partie.
D’un coup d’oeil rapide vers la scène on peut facilement voir que les amplis sont allumés. On entend ainsi un long bourdonnement qui annonce le concert à venir, avant que nous soyons plongés dans le noir pour écouter cette longue musique. Quelques films sont projetés, essentiellement des collages d’images qui se succèdent en fonction des différents mouvements orchestrés par Godspeed You ! Black Emperor. J’avoue me laisser doucement embarquer par la vision des ces court-métrages, cherchant ici ou là un détail qui accroche mon regard, il me semble y déceler une ou deux références au Printemps Erable au milieu de ces paysages urbains déprimants. Après Hope Drone on passe de Mladic (un titre de leur avant-dernier album, que j’aime un peu moins) à l’intégralité de « Asunder, Sweet and Other Distress » qui devient ici un immense morceau où se mêlent boucles de guitare, basses puissantes, rythmiques répétitives et mélodies lyriques jouées au violon. Je suis resté au fond de la salle et je n’ai pas changé les piles de mon enregistreur, impossible de faire une photo correcte et je ne garderai que quatre minutes de Lamb’s Breath, ce n’est définitivement pas un manque de chance, juste une question de choix. Pour le reste, cette musique est toujours le parfait compagnon de celles et ceux qui, comme moi, aimeraient participer à l’émergence d’un nouveau monde, ne serait-ce que pour oublier la violence qui nous entoure. Moya en rappel, je ressors de la salle un peu tourneboulé par ces deux heures de concert. Il est temps pour moi d’aller prendre une barquette de frites.
( ♫) Godspeed You! Black Emperor – Lamb’s Breath (extrait live)
Texte, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin