Parfois il suffit d’un conseil avisé pour découvrir un groupe comme Trupa Trupa, un quatuor polonais dont le troisième disque arrive chez nous grâce au label Ici d’Ailleurs. Ca démarre avec une poignée d’accords secs de guitare électrique, une ligne de basse prognathe dont la légère saturation vient envahir une bonne partie du volume sonore – ce qui est plutôt une bonne chose – ainsi qu’un étrange clavier dont les quelques phrases savent installer instantanément une sorte d’ambiance à la fois contemplative et blafarde. Il suffit d’entendre quelques notes de Halleyesonme pour que revienne ces images d’autoroutes perdus à la périphérie d’une grande ville où l’on trainerait, une bière à la main, assis sur un bloc de béton à côté d’une vieille station essence. Il fait un peu froid, on rebat son bonnet sur sa tête avant de se recroqueviller dans son manteaux en écoutant cette musique qui donne l’impression d’entendre un groupe formé par les enfants de Hood et Codeine.
Au milieu de toutes ses déflagrations électriques assez sombres, on peut entendre l’immense Give’em All qui vient doucement calmer le jeu. La voix est grave mais pas complètement fatiguée. Elle donne cette impression légèrement apaisée que l’on entend parfois quand l’abnégation nous a poussé jusque dans nos derniers retranchements. L’orgue analogique reste bloqué sur une seule note, comme si cette façon de résonner à l’infini était à la meilleure façon de marquer une pause. La guitare tisse plusieurs lignes mélodiques qui finissent par ressembler aux plus belles choses que l’on pourrait entendre au milieu d’une rue grisonnante, perdu en pleine nuit dans la brume. A écouter en boucle en attendant un hypothétique passage dans une salle de concert parisienne.
( ♫) Trupa Trupa – Give ’em All
Mathieu