Chez Atsuo Mizumo, Wata et Takeshi la musique passe essentiellement par des phases de construction et de destruction. On se raccroche comme on peut à ces éléments qui bourdonnent dans nos oreilles comme un acouphène tenace. On garde l’espoir de ne pas disparaître dans cette chape de plomb en fusion. Des murs de distorsion s’abattent sur nous. La guitare-basse double manche est une source d’électricité sans fin dont le spectre des fréquences varie d’un point à l’autre du VU-Mètre. La batterie s’emballe quand il faut et fait la part belle à la cymbale crash au moment où cette musique ralentit pour déployer un long drone abstrait. On ne comprend pas le chant, On ne parle pas Japonais, mais qu’importe. Plus qu’un voyage, comme les autres disques de Boris, “Dear” est un saut vers l’inconnu où le ciel est composé de couleur ocre.
On sent presque les nuages s’abattre sur nos frêles épaules au fur et à mesure que les riffs de guitare se diluent dans ces ramifications inexplorées de nos cerveaux. On avance dans le disque en oubliant progressivement nos propres souvenirs. Il ne reste plus que l’immense travail de composition que l’on peut entendre sur Memento Mori. Ca démarre avec cette lourdeur échappée du Doom, comme si l’on se retrouvait noyé dans de la roche en fusion. Puis ça vire vers quelques choses de plus emphatiques avant de terminer sur l’une des plus belles lignes de basse entendues chez Boris. Pour un groupe qui souhaite s’arrêter là, l’énergie est telle qu’il y a encore de quoi alimenter une dizaine de disques.
( ♫) Boris – Memento Mori
Mathieu