L’histoire est plutôt commune, même si elle vient à se raréfier avec le temps, je dois la découverte d’un groupe comme Sebadoh à l’écoute répétée de l’émission de Bernard Lenoir sur France Inter. C’était en plein milieu des années 90, « Bakesale » venait de sortir et l’écoute de Licensed To Confuse fut suffisamment abrasive pour que mes oreilles finissent toujours par réécouter ce rock furieux, touchant et, volontairement, un peu mal fichu. Je crois qu’à l’époque Lou Barlow était sous cocaïne, ce qui explique probablement l’extrême vitesse de ce morceau de 1 minute et 47 secondes. Il n’empêche, le riff est d’une rare efficacité et le songwriting est une fois de plus quasi-parfait, Lou Barlow a toujours ce je-ne-sais-quoi qui fait systématiquement décoller ces chansons dans sa façon d’écrire la transition entre le refrain, le pont et la conclusion. J’avais enregistré Licensed To Confuse sur K7, pendant longtemps je n’avais que ce titre de Sebadoh, autant vous dire que je l’ai usé jusqu’au bout.
Aujourd’hui, alors que « Act Surprised » vient tout juste de sortir, j’ai l’impression que l’écriture de Lou Barlow me semble un peu en dessous de ses récentes productions en acoustique (« Brace The Wave » et « Apocalypse Fetish » notamment »), même si Celebrate The Void demeure de haute tenue. Le morceau avance tranquillement avec une ligne de basse prognathe, avant de s’accélérer sur le deuxième tiers avec quelques belles phrases de guitare surfs probablement écrites lorsque Lou Barlow a vécu un temps à Los Angeles. Comme beaucoup de titres de Sebadoh, je me surprends régulièrement à fredonner le titre au moment où je m’y attends le moins.
( ♫) Sebadoh – Celebrate The Void
Mais l’incomparable maitrise vient surtout des titres de Jason Loewenstein que l’on imagine enregistrés avec la ferveur électrique de ceux qui composent avec un trop-plein d’énergie particulièrement abrasif. Les guitares sont distordues à souhait, elles ont cette urgence mélodique, anguleuse et distordue typiquement 90’s. Les basses sont particulièrement épaisses et gavées de fuzz, et Bob D’Amico cogne tranquillement derrière ses fûts. J’avoue qu’entendre Jason s’égosiller derrière son micro avec la même ferveur que sur Hoppin’ Up And Down procure à mes oreilles l’un de ces rares moments de nostalgie particulièrement appréciable.
Mathieu