Si les hurlements égorgés du Black Metal ont largement été considérés comme une réponse réactionnaire à la vélocité somme toute punk du Death Metal, cette musique – dont on contournera avec véhémences les provocations – n’en demeure pas moins l’une des plus fascinantes à écouter en matière d’extrémités sonores. C’est avec cet état d’esprit que je me suis aventuré dans le dernier album de Darkthrone. Ted Skjellum, alias Nocturno Culto, et Leif Nagell, alias Fenriz, en sont déjà à 20 disques sortis avec la ferveur de ceux qui n’ont plus rien à prouver, et j’avoue qu’on est pas mal niveau bourre-pif avec ce « Old Star » qui puise chez Venom, Celtic Frost et autres joyeusetés Crust Punk.
Ça démarre à pleine balle sur un rythme en 4/4 qui n’aurait pas déplu à Phil Taylor ou Mikkey Dee sur I Muffle Your Inner Choir. Niveau riffs, on fait dans le rétro, ça mitraille sec, façon bombardier dans un film de Michael Bay, mais en plus énervé. On pense à Lemmy pour le chant, mais en plus écorché, chassé le naturel il revient au galop. D’ailleurs le titre ralentit sur sa seconde moitié, ça vire lentement au Doom Metal, avec beaucoup de palm mute et de basse alourdie, que l’on entend légèrement au fond du mix. Mais l’interlude est de courte durée, ça repart à toute berzingue jusqu’à une conclusion tout en crescendo projetant I Muffle Your Inner Choir dans un mur de distorsions indéniablement salutaires.
Le tempo est agressif et l’hystérie sonore bat son plein. Si l’on en tient juste à la musique – le bazar sur fond de Dieux nordiques, de rites païens et d’écritures runiques demeurent secondaires, un décor d’apparat perdu au fond d’un coffre aux trésors – les six morceaux de « Old Star » sont avant tout un bon prétexte pour faire du bruit. C’est ainsi que, tôt le matin, en banlieusard perdu dans le métro, j’oublie un temps l’arrivée de l’automne avec ce son plombé et régressif.
( ♫) Darkthrone – I Muffle Your Inner Choir
Mathieu