Cela fait déjà dix minutes que les distorsions des guitares – toutes branchées sur cinquante amplis formant une sorte de monolithe primitif – se dilatent doucement dans nos oreilles. Il y a ce type aux cheveux longs, mesurant près de deux mètres, il lève ses bras vers le ciel comme pour psalmodier une incantation psychotique. Je suis debout, quelques rangs en arrière et je reste hypnotisé par les lentes incantations guitartistiques jouées par Stephen O’Malley et Greg Anderson. Nous sommes à la Gaité Lyrique, un samedi soir de Juin, et cela fait déjà 7 ans que j’espère revoir ça sur scène.
L’expérience peut se prolonger avec le dernier disque de Sunn O))), « Pyroclasts ». Il est constitué de quatre morceaux, longs de dix minutes chacun, et dont l’enregistrement provient des chutes de sessions et d’échauffements de « Life Metal ». On y entend comme un mantra, le début d’une conscience collective, une connexion cosmique qui se crée entre les musiciens. De longues power-chords s’étirent dans nos cerveaux comme un puissant bourdonnement qui entame une descente vers les tréfonds de notre subconscient. Sachez que si vous écoutez comme moi ce disque matin et soir, il agira comme une substance lysergique pour un jour nouveau.
Que dire de plus sur « Pyroclasts » ? Vous aurez surement beaucoup de choses inconscientes qui remonteront à son écoute. Et c’est normal. Certains rejetterons ce disque, d’autres seront totalement happés par ces drones, une partie des auditeurs trouveront cette musique suspecte, et une autre sera totalement subjuguée par cette façon d’entrevoir un nouveau monde. En ce qui me concerne, j’irai revivre cette expérience avec extase au mois de janvier de l’année 2020, où, enfin, je pourrais revoir Sunn O))) en concert à la Gaité Lyrique.
Mathieu