Nous écoutons de la musique dans le salon, assis sur des coussins. Il est 17h30 et c’est un samedi après midi. Un première arpège est joué sur la guitare acoustique avant d’être capturé par une pédale de sampling dont le dispositif permet à Matt Lajoie d’improviser une ligne mélodique légèrement psychédélique. Nous sommes au cinquième étage d’un immeuble perdu dans le 19ème arrondissement, c’est le printemps, le soleil passe à travers les fenêtres ouvertes. Une autre pédale d’effet permet de créer un drone qui semble hypnotiser certains spectateurs. On les voit s’allonger sur le parquet, les yeux fermés. Nous choisissons de faire de même alors que des mandalas chamaniques se développent lentement dans nos esprits.
Ce concert en appartement n’est jamais arrivé mais on aimerait bien qu’un jour il se réalise. Il faudrait faire venir Matt Lajoie à Paris, ne serait-ce que pour naviguer doucement dans ces sonorités électroacoustiques jouées sur des cordes pincées. Elles évoquent autant le folk des Appalaches qu’un lointain râga indien. Le procédé est simple, une guitare acoustique avec dix cordes – oui dix, probablement une douze cordes ramenée à dix – un delay, du sampling, de la réverbération, et des improvisations à la fois cosmiques et boisés qui sonnent comme un mantra éthéré.
Matt Lajoie a joué avec quelques groupes de free-folk en manque de Neil Young & The Crazy Horse comme Herbcraft ou encore MV&EE et on retrouve de ces guitares en bois perdues dans un havre cosmique sur « Everlasting Spring ». Je n’ai écouté qu’un seul morceau de ce disque, il sortira le 28 Février, et il ne m’en faut pas plus pour espérer le voir un jour en concert au milieu du salon d’un appartement parisien.
( ♫) Matt Jencik – Lifeless Body Train Ride
Mathieu