La semaine se termine avec peu de temps pour travailler devant son écran d’ordinateur, à programmer jusqu’à l’épuisement. Dans ces moments de fatigue, la musique de No Age nous joue ses petits riffs distordus pour nous remettre d’aplomb. Et pourtant, qu’attendre de ce duo qui joue des guitares avec quelques expérimentations et des batteries entre énergie punk et rythmiques motoriks ? L’envie d’y aller, encore, à jouer du rock, et puis une attitude dans l’air du temps, le soutien à diverses causes et l’envie de rependre son destin en main. Et puis aussi pour les premières notes électriques de « Goons Be Gone » lâchées à tout va avec l’intense certitude de réveiller en nous quelques vieux sifflements d’oreilles.

« Goons Be Gone » démarre sur les accords abrasifs de Sandalwood et se termine avec un Agitated Moss bien slacker et qui n’aurait pas fait tâche sur la set-list du Sebadoh de « Bakesale ». Entre les deux, il y a les guitares mélancoliques pleines de delay sur Smoothie, le mix déformé de Working Stiff Takes A Break, les percussions étranges et les field-recording noyés sous une distorsion shoegaze avec Toes In The Water, les voix ralenties sur Puzzled et à chaque fois l’envie fervente de dépasser cette formule rock où le batteur chante et le guitariste fait des riffs. Une sorte de fulgurance sonique synthétisée par l’immense War Dance qui semble ne jamais s’arrêter.

Si je compte bien, « Goons Be Gone » est le cinquième album de No Age et je me surprends à encore croire en leur musique. Ils continuent inlassablement d’enregistrer des sons cagneux, limite lo-fi, où l’énergie punk rencontre les bidouillages sonores et d’autres mixes improbables. Des circonvolutions au bord du surrégime, toujours en mouvement, loin du rock passéiste. Une musique que j’affectionne plus que jamais.

( ♫) No Age – War Dance

Mathieu