Je dois la découverte de Lithics à l’écoute compulsive de disques chinés ici ou là. Ca a commencé avec le titre Hands. Le chant détaché et la guitare dissonante d’Aubrey Hornor s’imposent alors qu’une seconde guitare, une Telecaster jouée par Mason Crumley, empile des riffs aussi tendus que du fil de fer barbelé. La batterie de Wiley Hickson impose un groove boiteux tandis que la basse de Bob Desaulniers tient le morceau en rebondissant sur une ligne mutante, comme échappée d’une nouvelle de JG Ballard. La musique de Lithics est revêche, urgente, presque dansante, une tension qui s’arrête aussi vite qu’elle a commencée, un post-punk qui représente tout ce dont on a besoin en ce moment.
L’austérité semble à son paroxysme sur Victim’s Jacket, la basse fonce tout droit et les guitares continuent leurs motifs bruitistes façon « voici la sirène des flics, planquez-vous ! » tandis qu’Aubrey Hornor invoque les fantômes de Mark E.Smith en déclamant son texte fiévreux et contradictoire. Le morceau est court mais il se termine dans une cacophonie sonique absolument indispensable. Pendant vingt-neuf secondes, une clarinette basse part en roue libre alors que les guitares nous jouent leurs motifs anguleux, s’arrêtant brutalement, comme si tout cela n’avait jamais eu lieu.
Cinglant et précis dans sa manière d’orchestrer le chaos, « Tower Of Age » joue avec l’esthétique punk et s’amuse en mettant en scène un humour froid et dadaïste. Un troisième album que l’on aimerait bien voir un jour en concert, idéalement en première partie de Sleater-Kinney, ne serait-ce que pour en finir avec la résignation et l’indifférence générale.
( ♫) Lithics – Victim’s Jacket
Mathieu