L’été 2018 commence a battre son plein et dans la grande salle du festival de Jazz de Montreux, Anna Von Hausswolff retient son souffle. Elle joue quelques notes d’une mélodie simple sur son orgue et il n’en faut pas plus pour que le public soit acquis à sa cause. L’expérience durera une heure. Si elle raconte des histoires sombres c’est pour mieux nous emporter dans un voyage hypnotique au milieu de la nuit, une sorte de rêve éveillé, une errance somnambulique pour quelques mélodies magnétiques. Aujourd’hui, le label Southern Lord sort un disque du live en question et je regrette déjà de ne pas avoir écouté cette musique sur scène.
Orgues liturgiques, rythmiques tribales, guitares électriques serpentines et voix psalmodiques : voici, pour l’essentiel, ce que l’on entend sur ces six morceaux qui sonnent comme un chemin de traverse d’une forêt ouverte sur l’horizon d’une pleine nuit. Anna Von Hausswolff est tour à tour en apesanteur, viscérale, solennelle, pop, ambiante. J’ai ressorti « Live at Montreux Jazz Festival » pour ce dimanche matin. D’habitude je n’accroche pas trop au disque de concert mais là, les émotions, les échos musicaux semblent à leurs combles pour cette musique habitée et ces sonorités électriques qui veulent soudainement remplir tout l’espace de mon salon.
Difficile d’isoler un titre sur une disque qui se doit d’être entendu d’une traite. Je garde quand même une petite préférence pour The Mysterious Vanishing Of Electra, ça doit venir de la guitare acoustique jouée avec intensité par Anna Von Hausswolff. Trois minutes avant la fin, le morceau semble s’arrêter avant de prendre une autre direction. Portée par une guitare électrique tourbeuse, elle enfonce le clou avec une voix impériale. Je ne serais pas surpris si avec cette ultime cavalcade que l’on entend sur les dernières secondes, les spectateurs ne soient pas soudainement plongés dans une sorte d’onirisme poignant. La marque des grandes artistes, sans aucun doute.
( ♫) Anna Von Hausswolff – The Mysterious Vanishing of Electra
Mathieu