Après de nombreuses écoutes, il me parait soudainement difficile de s’échapper de cette musique. Le studio est désert, Tim Presley est en train de peindre dans une autre chambre et Cate Le Bon prend la basse. Elle rejoue cette ligne mélodique qui trotte dans la tête de tout le monde avant de l’enregistrer avec les moyens du bord. L’instrument fera office de charpente pour « Pompeii », son sixième album sorti il y a quelques semaines. On y découvre neuf morceaux qui sonnent comme un voyage étrange, froid, fait d’errances synthétiques et de confessions théoriques.
En plus de la quatre cordes précédemment citée, le synthétiseur Yamaha DX7 est à l’honneur sur ce disque. Cate Le Bon en joue sur chaque morceau, que se soit de façon abstraite ou la plus pop possible. La rythmique est tranquille et la guitare semble noyée dans le mix. Entre deux notes de saxophone, elle se perd sous une couche de flanger et de chorus, évoquant quelques réminiscences des années 80. Une douce nostalgie que Cate Le Bon refuse en partie en composant avec des ambiances parfois délétères, un ton souvent impassible et des orchestrations indéniablement conceptuelles.
Voilà à peu près tout ce que l’on entendra sur Remembering Me : la guitare est bidouillée pour sortir des nappes distordues, comme sur certaines productions de Tony Visconty, la basse se veut une fois de plus prognathe, les notes de clavier bourdonnent comme un fantôme perdu dans la machine et la voix de Cate Le Bon, aiguë et mélodique, nous invective avec retenue en ce début de soirée. Pendant 4 minutes et 34 secondes, elle se confesse à nous, tout en jouant avec la fulgurance de la new-wave. Après de nombreuses écoutes, il me parait soudainement difficile de s’échapper de cette musique.
( ♫) Cate Le Bon – Remembering Me
Mathieu