Un jour, il faudra se pencher sur l’histoire de Superchunk, sur la première partie de leur carrière dans les années 90, de leur Power-Pop supersonique et distordue, du label Merge Records fondé par Laura Ballance et Mac McCaughan, d’un premier hiatus puis d’un retour au milieu des années 2000. Une carrière irréprochable qui mériterait un petit livre de plus. Mais laissons ça de côté pour le moment, et revenons plutôt sur leur nouveau disque, « Wild Loneliness », et plus particulièrement à If You’re Not Dark, hymne émouvant qui fait se sentir bien quand tout va mal. Un premier tube évident pour ce début de l’année 2022.
L’album démarre tranquillement avec deux accords grattouillés sur une guitare acoustique avant de décoller grâce à quelques arrangements de cordes orchestrés pour l’occasion, une batterie en béton armée, une basse qui tient tous les morceaux et pas mal de riffs saturés d’électricité. Le signe, indéniable, de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Mac McCaughan chante avec ce mélange d’assurance et de candeur. Il nous fait croire qu’il est plus fainéant que nous et sonne plutôt juste quand il faut se lancer à tue-tête dans ce refrain typiquement nineties. Il faut aussi noter que la liste d’invités entendus sur « Wild Loneliness » – Sharon Van Etten, Teenage Fanclub, Mike Mills, Andy Stack et Tracyanne Campbell, excusez du peu – constitue à peu près tout ce que l’on a envie d’entendre pour s’isoler dans une bulle temporelle coincée quelque part entre 1999 et 2007.
Mais revenons à If You’re Not Dark dont les premières notes, bourdonnantes, comme suspendues en apesanteur, laissent une fois de plus la place à une guitare en bois. L’arpège est connu mais il fonctionne instantanément. Lignes mélodiques et électriques, petit solo, basse et batterie en béton armé, tout démarre en même temps sans s’emballer, les choeurs – Sharon Von Etten n’est pas loin – sont au rendez-vous. On y croit et on commence à fredonner le refrain « If you’re dark / At least in some little part / What are you On ? Can I have some ? ». On se dit que c’est l’un des plus beaux que l’on ait entendu dernièrement. Le morceau s’accélère et l’emphase continue jusqu’à ces dernières notes qui ficheraient presque la chair de poule. Et puis cette musique s’arrête comme elle a démarré, sans trop y croire, pleine d’émotion et sur une note d’espoir.
( ♫) Superchunk – If You’re Not Dark
Mathieu