Extérieur nuit sur la ville. Un taxi roule dans des ruelles interlopes. Une agression a lieu sur le trottoir juste devant une épicerie ouverte 24h sur 24. Quelqu’un crie et les sirènes de police résonnent au loin. Bruit. Peur. Violence. La guitare de Chris Spencer ressemble à tout ça et parfois même plus quand il hurle aussi dans le micro. Quoi ? C’est allé un peu trop vite. Recommençons.
Nous sommes à la fin des années 80, Chris Spencer, Pete Shore et Charlie Ondras s’installent à New York, dans le quartier de Lower East Side. Ils trainent tout les trois à la fac en regardant des films de Kubrick, Scorsese et Ferrara. Ils commencent à jouer du punk. Ils improvisent des concerts dans des bars pour 15$. Ils cherchent à jouer plus fort que les autres et racontent des histoires pleines de brutalité. Le groupe s’appelle un temps Lawn-Chairs-Blisters avant de prendre pour nom Unsane. On n’est pas là pour rigoler.
Leurs compositions prennent pour base la véhémence de Big Black ou The Jesus Lizard et elles iront le plus loin possible dans l’âpreté. Ils tourneront beaucoup, notamment en première partie de Sonic Youth au CBGB. Leur pugnacité dans les excès électriques finira par payer : quelques jours de studio pour un premier album. « Improvised Munitions » est enregistré à l’arrache et un test-pressing finira dans les mains de Chris Spencer. Le groupe repart les tournées mais le disque sera finalement perdu à cause d’une sale histoire d’addiction à l’héroïne.
Il faudra attendre une trentaine d’année et une tenacité sans faille pour que l’enregistrement soit retrouvé sur Internet. Le disque est finalement sorti l’année dernière sur le label de Chris Spencer. Une nouvelle tournée s’est imposée d’elle même avec un nouveau line-up, Cooper de Made Out Babies à la basse et Jon Syverson de Daughters à la batterie.
Mercredi 2 Novembre 2022, je regarde Unsane enchainer les titres de « Improvised Munitions & Demos » sur la scène de Petit Bain. Ça éructe, ça frappe sur les futs, ça joue de la Telecaster comme une scie-sauteuse et de la basse comme un lance-grenade. Je repars du concert avec un vinyle sous le bras, on ne se refait pas. Ce n’est pas le disque le plus subtil que j’écoute en ce moment, mais ce déluge d’ultra-violence noise-rock sonne comme un électrochoc parfait pour cette fin d’année pleine de fatigue.
( ♫) Unsane – Cracked Up
Mathieu
nice