La nuit se termine doucement et bientôt le soleil hivernal éclairera la ville. Comme à chaque mois de janvier, j’écoute la nouvelle compilation « Pop Ambient » publiée par le label Kompakt. Les notes s’étirent, les voix s’étiolent, les rythmes sont fantomatiques. J’ai l’impression d’être au ralenti alors que tout accélère autour de moi, comme dans ce film de Wong Kar-Wai dont j’ai oublié le titre. Une phrase de piano mélodique est jouée dans le lointain et une voiture traverse la rue en trombe, comme pour me rappeler, un temps, le monde autour de moi. Je monte dans un bus et la pluie commence à tomber.
Sortie sur le label Kompakt entre la fin du mois de décembre et le début du mois de Janvier, la compilation « Pop Ambient 2023 » est un rendez-vous que je me dois de satisfaire. J’y découvre à chaque fois une quinzaine d’artistes méconnus qui ralentissent leurs musiques électroniques pour ne garder que des drones spatiaux, des rythmes déconstruits, des claviers joués lentement. Une musique qui est paradoxalement aussi simple qu’exigeante. Il est facile de se perdre dans cette beauté stratosphérique quand chaque esquisse de mélodie est une invitation à regarder les nuages dans le ciel.
Je me suis assis au fond du bus. J’écoute toujours cette musique avec l’impression d’être en partie coupé du reste du monde. La basse que l’on peut entendre dans le mix de retrieve est une couette dans laquelle il fait bon somnoler. La trompette de Tetsuroh Konishi sur Ende Sah est l’expression d’une mélancolie immédiate. Je vois au travers de la vitre un soleil hivernal qui éclaire soudainement la ville, j’ai écouté la seconde moitié de Kupferblüte, ce rythme lent, ces nappes de synthétiseur, ces accords de guitare réverbérés, tout cela sonnait comme un retour aux sources.
( ♫) Triola – Kupferblüte
Mathieu