« Il n’y a là aucune allégresse, aucune joie, mais la recherche d’un état de sérénité totale, d’abandon de soi, d’oubli du corps et des sens grâce à l’écoute approfondie. » – Joseph Ghosn dans La Monte Young – Une biographie suivie d’une discographie sélective sur le minimalisme.
Je me souviens d’un article de Joseph Ghosn à propos Sunn O))) paru dans les Inrocks, peut être en 2004 ou en 2005, je ne me rappelle plus bien de la date, ça se mélange un peu dans mon esprit pour cette période, et puis ce n’est pas très important. Je crois que c’était à propos de « Black One », et la description du groupe – deux guitaristes de métal qui jouent de la musique drone, habillé en robe de bure – m’avait donné envie de me laisser surprendre par cette ambiance presque terrifiante. La peur, des sensations c’est peut être cela que je recherchais à écouter.
Depuis, j’aime bien me plonger dans le drone, cette musique qui se laisse apprivoiser par une écoute qui s’apparente parfois à une sorte de transe. C’est exigeant mais j’ai l’impression d’y retrouver un nouveau rapport au temps, celui qui passe doucement, celui où on retrouve un état plus profond et plus essentiel, chose de plus en plus difficile à ressentir dans ce monde lancé dans une perpétuel course, au milieu de laquelle nous nous trouvons comme par accident. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il y des vertus thérapeutique à écouter un disque comme « Eager To Tear Apart The Stars » de Leyland Kirby, mais j’y vois là des pièces minimalistes qui s’appréhendent instinctivement et qui savent repousser les frontières de l’imagination.
( ♫ ) Leyland Kirby – The Arrow Of Time
Une musique qui s’expérimente, qui se passe de descriptions précises, pas besoin de savoir quels instruments ont été utilisés, ni de savoir quel morceau il faut écouter plutôt qu’un autre. Rester dans ces nappes ambiantes a souvent pu déclencher en moi des images, des hallucinations, des textes psychédéliques que je suis content d’avoir pu écrire à la place d’un texte trop détaillé que je n’aurais moi même pas eu envie de lire. Il y a de ça aussi chez Leyland Kirby et son « Eager To Tear Apart The Stars », où ces quelques notes de piano, comme suspendues sur une nappe de clavier bourdonnant me donnent surtout envie d’écrire sur notre monde qui est en train de se raccrocher à ses derniers instants. J’y vois là des espaces urbains désertés, des fenêtres ouvertes, des restes d’ordinateurs et de téléphones portables déchiquetés par un-je-ne-sais-quoi qui annonce de profond changement dans notre société.
Et pour finir sur un moment d’introspection, je m’eclipse et vous laisse écouter les deux premiers titres de « Eager To Tear Apart The Stars », The Arrow Of Time et This Is The Story Of Paradise Lost, deux instants où l’on s’immisce doucement dans ces sonorités intemporelles.
( ♫ ) Leyland Kirby – This Is The Story Of Paradise Lost
Par Mathieu