Jeudi 19 Février, je fredonne « Who play the bass guitar ? Girls ! » en marchant le long du Port de la Gare. Je me rends au Petit Bain pour y voir Deerhoof et Pneu, deux groupes qui viennent de sortir chacun un disque qui contient assurément ce que l’on peut entendre de plus fou en matière de stridulements guitaristiques saturés. J’arrive devant la salle qui affiche complet de chez complet et j’attends dans le froid en faisant le pied de grue dans l’espoir de me réchauffer un peu. Quand la porte s’ouvre pour les premiers arrivants je rêve de ce vieux digestif qui faisait transpirer après une première rasade ou de ce vin chaud que l’on boit dans les marchés mais je ne trouve qu’une salle vide avec deux énormes amplis et une batterie posés en plein milieu de la fosse.
( ♫) Pneu – Pyramide Banane Chocolat (Bootleg)
Outre l’explosion garantie de fûts de batterie et la destruction méthodique de guitare, le concert de Pneu est pour moi l’occasion de pogoter avec les mains. Devant le duo une petite bande se forme pour headbanger, perdre l’équilibre et s’envoyer des coups de coude à la va comme je te pousse. Je me trouve derrière eux, placer en hauteur, et à chaque fois que l’un des pogoteurs fous manque de tomber je le remets en place en le repoussant dans la zone de combat. L’un d’eux, déguisé en banane, entamera d’ailleurs la conversation avec moi quand je me fendrai de quelques euros au stand merch pour acheter un vinyle de Pneu. Apparemment, c’est un peu plus la folie dans la foule à d’autres concerts mais ce soir le public est plus indie, moins apte à se bousculer. La discussion se terminera vers 23h30, comme quoi on peut encore rencontrer des gens au hasard d’un concert sans avoir bu une goutte d’alcool. Ah et sinon le set de Pneu fut un grand moment d’annihilation en bonne et due forme de mes tympans …
( ♫) Deerhoof – Paradise Girls (Bootleg)
Il faudra trois titres pour que Deerhoof s’échauffe et après ce sera bien. Sur Paradise Girls Satomi Matsuzaki commence à effectuer quelques pas de danse en jouant sur sa basse violon – une Hofner, comme Paul McCartney – mais il faudra attendre certains vieux titres comme l’immense Dummy Discards A Heart ou Fresh Born – sortis de « Apple O’ » et « Offend Maggie » – pour la voir se lancer dans une espèce de mélange entre break hip-hop et gym aérobique totalement lunaire. Greg Saunier n’est pas en reste niveau folie, quand il ne cogne pas méthodiquement sa batterie, il esquisse quelques mots en français pour rentrer en contact avec le public. Une poésie presque belle et enfantine se dessine là dans ces phrases approximatives. Sinon Ed Rodriguez joue sur une sorte de Danelectro peinte en rose et John Dieterich jette ça et là quelques riffs de guitare totalement cinglés. La fin du concert est cataclysmique et en ressortant dans le froid, je cherche encore une conclusion bien enlevée à ce que je suis en train d’écrire et comme je ne trouve rien, je me dis que je verrai ça mardi après midi. Et puis voilà …
( ♫) Deerhoof – Dummy Discards A Heart (Bootleg)
Textes, Bootlegs et mauvaises photos par Mathieu Gandin
2 thoughts on “Deerhoof et Pneu au Petit Bain”