L’autre jour, j’ai été réveillé par un bruit en plein milieu de la nuit. Dans le noir de ma maison de banlieue interstellaire j’ai entendu le craquement aigu des ordinateurs qui se réactivaient. Une présence fantomatique semble s’être approchée du hangar, celui où j’entrepose la plupart de mes travaux de recherche en robotique. En pleine nuit, armé d’une lampe je cherche encore qui aurait bien pu activer les claviers à mélodies automatiques. Je dévisse et revisse quelques composants tout en écoutant les longs bourdonnements étrangement programmés sur mes instruments solitaires …

Le lendemain matin je trouve un indice. Des traces de sables. Par ici dans le couloir, par là sous une caisse de boulons. L’analyse des échantillons vient confirmer mon intuition, celui qui est rentré chez moi vient du désert rouge aux nuages de corail. Je remarque aussi qu’il a pris une pièce de mon dernier modulateur à onde. Sans plus attendre je remplis d’essence mon autospeeder pour aller survoler les longues dunes de sable dans l’espoir d’y retrouver un signe, une indication. Au décollage, lorsque je sors du garage, je suis pris d’un sentiment de peur et de détermination …

J’évite de justesse un troupeau de raies mantas qui survolait un canyon nuageux. J’ai enclenché le micro-détecteur caché dans les pièces volées sur le modulateur. L’ordinateur m’indique que j’en ai pour plusieurs kilomètres de trajet en autospeeder. Je ne sais toujours pas si ce voyage en vaudra la chandelle. Je pourrais très bien rentrer chez moi pour reconstruire les pièces en question mais une force indicible me pousse à partir en plein dans l’inconnu. Journal de bord 30eme jour : Est 45°, 453eme zone interdésertique. Je me retrouve en train de nager dans une lac bleu entouré de sable. Etrange sensation de se retrouver et d’avoir pratiquement tout oublier de sa vie d’avant …

( ♫) M. Geddes Gengras – Passage

Mathieu